COVID-19 : Dernières données de durée et de sévérité de la maladie
Cette analyse de modélisation d’une équipe de l’Imperial College London tente ici, dans le Lancet Infectious Diseases, d’apporter des estimations solides sur la durée des différentes phases de la maladie, ainsi que sur les taux de létalité en fonction des différentes « situations patients ». Des estimations précieuses alors que l’épidémie COVID-19 associée à l’infection au SARS-CoV-2 poursuit sa propagation hors de Chine avec plus de 860.000 cas confirmés dans 180 pays et plus de 42.000 décès.
Les chercheurs ont collecté des données sur les cas individuels des patients décédés de COVID-19 à Hubei signalés par les Autorités de Santé chinoises au 8 février 2020 et pour l’ensemble des cas confirmés hors de Chine continentale (précisément pour 37 pays dont Hong Kong et Macao, jusqu'au 25 février 2020). A partir de ces données de cas, les chercheurs ont estimé :
- le délai entre l'apparition des symptômes et l'issue de la maladie, récupération et sortie de l’hôpital ou décès,
- le taux de létalité par âge en rapprochant la distribution des cas/âge aux décès/âge recensés en Chine et en prenant l’hypothèse d’un taux d'attaque constant par âge ;
- le taux de létalité/âge à partir des 1.334 cas identifiés hors de Chine continentale ;
- le niveau de sévérité de la maladie par âge à partir d’un échantillon de 3.665 cas chinois, dans l’objectif d’avoir une estimation -pour les systèmes de santé en particulier- de la proportion de personnes infectées susceptibles de nécessiter une hospitalisation.
Un taux de létalité du COVID-19 inférieur à celui du SRAS et du MERS, mais nettement supérieur à celui de la grippe H1N1 de 2009.
Principaux résultats :
- En Chine, la durée moyenne entre le début des symptômes et le décès est estimée à 17,8 jours ;
- le délai moyen entre le début des symptômes et la sortie de l'hôpital est estimée à 24,7 jours ;
- concernant les cas confirmés en Chine continentale, le taux de létalité brut est estimé à 3,67% et, après ajustement pour la démographie et la sous-déclaration, à 1,38% ;
- ce taux est sensiblement plus élevé dans les groupes d'âge plus âgés :
- 0,32% chez les personnes de moins de 60 ans,
- 6,4% chez les personnes âgées de 60 ans et plus,
- 13,4% chez les personnes âgées de 80 ans ou plus.
- Pour la Chine, le taux global estimé de mortalité est de 0,66% et s’accroît avec l'âge ;
- Le taux d’hospitalisation après infection s’accroît avec l’âge et atteint 18,4% chez les personnes âgées de 80 ans ou plus.
- Les taux de létalité hors de Chine, stratifiés par âge sont cohérents avec les taux estimés pour la Chine :
- 1,4% chez les personnes de moins de 60 ans,
- 4,5% chez les personnes âgées de 60 ans et plus.
- Les données estimées chez des personnes (n=689) rapatriées de Chine sont :
- une prévalence de l'infection de 0,87% ;
- un taux de mortalité de 0,66%,
- un taux de létalité, à nouveau fortement dépendant de l'âge.
Ces premières estimations donnent une indication du taux de létalité et de mortalité associé à la maladie COVID-19 et confirment le poids de l’âge dans le risque de décès.
La synthèse de l’analyse des données apporte une estimation à l'heure actuelle du taux de létalité du COVID-19 de 1,38% : c’est une valeur inférieure aux estimations effectuées pour d'autres coronavirus, y compris le SRAS et le MERS, mais nettement supérieure aux estimations de la pandémie de grippe H1N1 de 2009.
- cependant, on peut s’attendre à ce que la mortalité varie en fonction de la santé sous-jacente de groupes de populations spécifiques, étant donné les risques associés à la présence de comorbidités sous-jacentes ;
- ces estimations confirment également un taux de mortalité très faible chez les moins de 20 ans : les tests sérologiques seront cruciaux dans cette tranche d’âge pour mieux comprendre…
- l’âge médian de la sévérité de COVID-19 et de l’hospitalisation semble se situer à un âge compris entre 50 et 60 ans.
Néanmoins, concluent les chercheurs, toutes ces estimations, même si des ajustements ont été apportés dans la modélisation, reposent sur le nombre de cas confirmés. Si de nombreux cas ont été manqués, les estimations du taux de létalité et de mortalité pourraient être inférieures. Des enquêtes de séroprévalence représentative de la population permettront donc de préciser ces estimations.
Enfin, au fur et à mesure que les connaissances cliniques s’améliorent, il est possible que les estimations s'améliorent aussi.