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COVID-19 : Des éclosions d’épidémies respiratoires possibles après la levée des mesures barrières

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 1 semaine
PNAS
Une forte reprise des épidémies respiratoires « classiques » est possible, une fois les mesures barrières anti-COVID levées -dont notamment le port du masque- (Visuel Adobe Stock 374380848)

On reproche souvent le manque de visibilité des chercheurs et des politiques face aux épidémies, ces travaux d’une équipe d’épidémiologistes de l’Université de Princeton s’inscrivent en faux en modélisant une reprise des épidémies respiratoires « classiques » une fois les mesures barrières anti-COVID levées -dont notamment le port du masque-. La recherche, publiée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) alerte sur une recrudescence particulièrement violente de ces maladies respiratoires, après la levée des mesures de distanciation, pourquoi ?

 

Les mesures barrières ou interventions non pharmaceutiques (INM) qui visent à réduire la propagation du SARS-CoV-2 telles que le port de masques et la distanciation sociale sont un outil clé pour lutter contre l'impact de la pandémie de COVID en cours. Ces actions contribuent actuellement et également, à réduire l'incidence de nombreuses autres maladies, notamment la grippe et le virus respiratoire syncytial (RSV). Cependant, les réductions actuelles de ces infections respiratoires courantes pourraient simplement retarder l'incidence de futures épidémies, alertent ces chercheurs de l'Université de Princeton.

De futures augmentations des infections à RSV probables

« Si des baisses du nombre de cas d’infections pathogènes respiratoires sont observées récemment dans de nombreuses régions du monde », explique Rachel Baker, chercheuse au High Meadows Environmental Institute (HMEI) de Princeton, « si cette réduction des cas peut tout à fait être interprétée comme un effet secondaire positif de la prévention du COVID-19, la réalité est beaucoup plus complexe. Nos résultats suggèrent que notre sensibilité à ces autres maladies, telles que le RSV et la grippe, pourrait augmenter pendant cette période de mise en œuvre des mesures barrières, ce qui favoriserait « l’éclosion » de grandes épidémies, une fois les mesures barrières levées ».

 

Cette nouvelle modélisation épidémiologique est basée sur des données historiques et plus récentes de propagation du RSV et vise à évaluer l'impact possible des mesures barrières contre COVID-19 sur les futures épidémies de RSV. Ce modèle conclut que même des périodes relativement courtes de mise en œuvre de ces mesures barrières peuvent conduire à

  • des éclosions importantes de RSV.
  • Des éclosions probablement retardées à la fin de la période de distanciation, avec des pics élevés possibles, dans de nombreuses régions du monde, durant l'hiver 2021-2022.

Ces futures augmentations des infections à RSV (une des principales causes d'infections des voies respiratoires inférieures chez les nourrissons) sont ainsi prévues par le modèle, et pour la grippe également, mais dans une moindre mesure. La dynamique de la grippe est en effet beaucoup plus complexe à modéliser en raison de l'évolution virale, qui induit une incertitude sur les souches en circulation et l'efficacité des vaccins.

Mais si la trajectoire de ces maladies respiratoires dans les années à venir est complexe, ces tendances sont claires, précisent les chercheurs.

 

Se préparer à ce risque éventuel d'épidémie future et considérer la gamme complète des virus circulants est très important, soulignent les auteurs.

« La diminution des cas de grippe et de RSV ainsi que l’augmentation future possible que nous prévoyons correspondra sans doute à l’impact mondial le plus spectaculaire sur toute une variété de maladies humaines », ajoute Bryan Grenfell, professeur d'écologie et de biologie évolutive à Princeton et co-auteur de l’étude.

Ces impacts collatéraux des mesures de distanciation anti-COVID sont considérables et à long terme sur la dynamique d'autres maladies

Ils constituent par ailleurs, un phénomène déjà observé après la pandémie de grippe de 1918. Les données historiques sur la rougeole de Londres révèlent en effet un passage au rythme biannuel des cycles annuels jusque-là annuels de la rougeole, juste après la période de mesures de contrôle.