COVID-19 : Des lésions hépatiques détectables des mois plus tard
Les lésions hépatiques seraient-elles, avec certains symptômes neurologiques, une caractéristique des COVID longs ? C’est ce que suggère cette équipe du Massachusetts General Hospital (MGH, Boston) qui présente ses conclusions lors de la 108th Réunion scientifique de la Radiological Society of North America (RNSA 2022). Ces travaux, menés par élastographie ultrasonore révèlent en effet chez de nombreux patients et plus de 9 mois après récupération, des rigidités hépatiques anormales qui reflètent des lésions hépatiques chroniques.
« Ainsi, le COVID-19 est associé à une nouvelle séquelle, un type de rigidité du foie qui suggère que l'infection peut entraîner des lésions hépatiques qui durent bien après la phase aiguë de la maladie », résume l’un des auteurs principaux, le Dr Firouzeh Heidari, chercheur au MGH. Car ces rigidités hépatiques sont un marqueur de lésions hépatiques de type inflammation ou fibrose, c’est-à-dire accumulation de tissu cicatriciel. Au fil du temps, le tissu hépatique sain semble diminuer et le foie ne peut plus fonctionner correctement. La fibrose progressive peut entraîner un cancer du foie et une insuffisance hépatique.
Du COVID à l’insuffisance hépatique ?
L'étude rétrospective a comparé la rigidité hépatique retrouvée chez 31 patients ayant des antécédents d'infection au COVID-19 au moins 12 semaines auparavant à 2 groupes de 40 et 50 témoins avec absence d’antécédents de tests COVID positifs (prépandémique) ou antécédents de tests tous négatifs (pandémique négatif). Tous les patients ont subi une élastographie ultrasonore entre 2019 et 2022 – les ondes sonores permettant de mesurer la rigidité des tissus. Après prise en compte de l'âge, le sexe et la période écoulée depuis l’infection (pour le premier groupe d’étude), l’analyse révèle que :
- les patients ex-COVID-positifs présentent une rigidité hépatique (médiane : 7,68 kPa) statistiquement significativement plus élevée que les témoins (5,99 kPa) ;
- le groupe témoin pré-pandémique présente, de manière surprenante une rigidité médiane plus élevée (7,01) vs groupe témoin pandémique. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les patients référés pour l'élastographie avant la pandémie sont en moyenne plus âgés que les patients négatifs référés après le début de la pandémie.
Quels effets indésirables d’une telle rigidité hépatique ? Les chercheurs ignorent les conséquences possibles de ces rigidités hépatiques. Ils poursuivent cependant leur recherche en regardant si la gravité des symptômes aigus liés au COVID est prédictive de la sévérité des lésions hépatiques à long terme. Cependant d’ores et déjà l’étude suggère ces lésions hépatiques comme un nouveau marqueur et un nouveau symptôme à long terme de la maladie.