COVID-19 : Des stéroïdes en spray pour bloquer l'entrée du virus par le nez
Le point d’entrée c’est le nez et la protection commence bien au niveau de la muqueuse nasale, conclut cette étude menée à la Cleveland Clinic, soutenue par le National Heart, Lung and Blood Institute et le National Institute of Neurological Disorders and Stroke. Les conclusions suggèrent que les corticoïdes par spray nasal pourraient prévenir les formes sévères de la maladie COVID-19. Menée auprès de patients utilisateurs de ces médicaments, l’étude, publiée dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology, révèle un effet prometteur des stéroïdes intranasaux en matière de réduction des hospitalisations et de la mortalité.
Les corticoïdes intranasaux font partie de la famille des stéroïdes. Ces médicaments sont pulvérisés ou inhalés dans le nez pour soulager le nez bouché, les irritations, les allergies et autres problèmes nasaux. Ils peuvent être achetés en « OTC » ou sur prescription. Jusqu’à cette étude, le rôle possible des corticoïdes intranasaux dans la réduction de la sévérité de l'infection au COVID-19 restait peu connu.
L’analyse : les auteurs principaux, le Dr Joe Zein, pneumologue à la Cleveland Clinic et le Dr Ronald A. Strauss, allergologue-immunologue sont partis de l’hypothèse qu’en réduisant l'expression des récepteurs ACE2 dans la muqueuse nasale, les corticoïdes intranasaux pourraient protéger contre une forme sévère de la maladie. L’analyse confirme en effet que les patients qui utilisent régulièrement des sprays nasaux à base de stéroïdes sont moins susceptibles de développer une forme grave de COVID-19, de devoir être hospitalisés ou pris en charge en unité de soins intensifs (USI) et qu'ils ont des taux de décès réduits de 20 à 25 %.
L'équipe a suivi 72.147 participants testés positifs au COVID-19, âgés de 18 ans et plus, au sein du système de santé de la Cleveland Clinic d’avril 2020 à fin mars 2021. Au sein de cette cohorte,
- 17,5 % des participants ont été hospitalisés,
- 4,1 % ont été admis en unité de soins intensifs (USI),
- 2,6 % sont décédés à l’hôpital.
- 14,1% des participants utilisaient des stéroïdes en spray nasal avant l'infection au COVID-19.
Ces patients utilisant des corticoïdes intranasaux avant l’infection, se révèlent :
- 22% moins susceptibles d'être hospitalisés,
- 23% moins susceptibles d'être admis en USI,
- à risque réduit de 24% de décès de COVID-19 pendant leur hospitalisation.
L’étude ne suggère pas d’utiliser ces médicaments pour traiter ou prévenir la maladie COVID-19
mais confirme l’action des corticoïdes de réduction des récepteur ACE2 sur la muqueuse nasale, ce qui réduit la capacité d’infection du virus SARS-CoV-2. Ce processus pourrait fournir la base à de nouveaux traitements. Ainsi, l’étude réaffirme l'importance du nez dans l'infection au COVID-19 :
« Le nez est la porte qui permet au virus d'entrer chez l’hôte et de se répliquer. Les corticoïdes intranasaux -ou de futurs médicaments- peuvent contribuer à bloquer cette passerelle ».