COVID-19 : diABZI, le médicament qui bloque aussi les variants
Cette équipe de médecins de l'Université de Pennsylvanie vient de découvrir un médicament qui bloque plusieurs variants du SRAS-CoV-2. Son efficacité est ici démontrée chez la souris : en activant la réponse immunitaire innée, le médicament prévient les formes sévères de COVID-19 chez des souris modèles infectées. Ces données, publiées dans la revue Science Immunology, suggèrent que diABZI pourrait également traiter d'autres coronavirus respiratoires.
L'auteur principal, le Dr Sara Cherry, professeur de pathologie et directeur scientifique de l’unité de dépistage à haut débit de la Penn Medicine rappelle que peu de médicaments ont été identifiés jusque-là comme capables de bloquer l'infection par le SRAS-CoV-2. L’étude montre l’intérêt thérapeutique d’une stratégie d’activation précoce de la réponse immunitaire pour contrôler le virus, y compris lorsqu’il s’agit de la variante B.1.351 d’Afrique du Sud ».
Le développement d'antiviraux efficaces contre SRAS-CoV-2 et les différents variants reste une priorité
Le virus SARS-CoV-2 cible initialement les cellules épithéliales des voies respiratoires. En tant que première ligne de défense contre l'infection, le système immunitaire inné des voies respiratoires reconnaît les agents pathogènes viraux en détectant leurs modèles moléculaires. L’équipe a donc étudié de près au microscope des lignées de cellules pulmonaires humaines infectées par le SRAS-CoV-2 et a pu constater que le virus pouvait se cacher, de manière à retarder la reconnaissance et la réponse précoces du système immunitaire.
Identifier des molécules pouvant débloquer la réponse immunitaire dans les cellules respiratoires plus tôt, et prévenir l’infection grave par le SRAS-CoV-2 : pour identifier des agonistes antiviraux capables de bloquer l'infection par le SRAS-CoV-2, les chercheurs ont criblé à haut débit 75 médicaments qui ciblent les voies de détection dans les cellules pulmonaires. Après étude par microscopie de leurs effets sur l'infection virale, l’équipe a sélectionné 9 candidats capables de supprimer l'infection en activant la protéine STING, (Stimulator of Interferon Genes) une protéine de stimulation des gènes d'interféron, impliquée dans le système immunitaire inné. Les chercheurs ont testé un agoniste de STING récemment développé nommé « diABZI » et constatent, chez la souris modèle de COVID-19, que la molécule permet d’inhiber fortement l'infection par le SRAS-CoV-2 et ses variants, dont la variante préoccupante B.1.351.
diABZI agit donc en stimulant la signalisation de l'interféron.
- Comme le médicament doit cibler les poumons, dans cette étude, diABZI a été administré par voie nasale. Les souris traitées au diABZI ont présenté une perte de poids beaucoup moins importante que les souris témoins, une charge virale significativement réduite dans les poumons et les voies nasales, et une production accrue de cytokines, ces résultats suggérant que diABZI stimule l'interféron et apporte une immunité protectrice.
diABZI n'est pas encore approuvé par l’Agence américaine, Food and Drug Administration (FDA), mais fait déjà l’objet d’essais cliniques pour le traitement de certains cancers.
diABZI apparaît ici très prometteur contre la sévérité et la propagation de l'infection. De plus, le candidat s’avère inhiber également la réplication du virus parainfluenza humain et du rhinovirus dans les cellules cultivées, donc probablement plus largement efficace contre d'autres virus respiratoires.
Un point intéressant, car « il reste important de garder en mémoire que le SRAS-CoV-2 ne sera pas le dernier coronavirus contre lequel nous aurons besoin d'une protection », concluent les chercheurs.