Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

COVID-19 : Elle laisse une mémoire immunologique dans les poumons

Actualité publiée il y a 3 années 1 mois 1 semaine
Science Immunology
Les poumons conservent aussi la mémoire de l'infection au COVID plusieurs mois encore après la récupération (Visuel Adobe Stock 331045992)

Le « COVID long » est de mieux en mieux documenté, en particulier pour ses séquelles neurologiques à long terme. Mais les poumons conservent aussi la mémoire de l'infection au COVID plusieurs mois encore après la récupération, souligne cette équipe de pneumologues du Centre médical Irving de l'Université Columbia. Les poumons apparaissent ainsi comme l’un des principaux sites de "stockage" ou de mémoire immunologique, et donc l’une des principales sources de réponse protectrice à long terme contre la réinfection. Ces travaux, publiés dans la revue Science Immunology, suggèrent ainsi, que pour améliorer la protection contre le virus, les vaccins devraient donc cibler les cellules immunitaires à mémoire dans les poumons et dans ses ganglions lymphatiques associés.

 

C’est un objectif qui serait d’ailleurs particulièrement adapté aux vaccins par voie nasale, dont le développement semble aujourd’hui bien avancé. L’étude menée auprès de participants ayant développé la maladie COVID montre précisément que la mémoire de l'infection est stockée dans les cellules T et B dans le poumon et les ganglions lymphatiques entourant le poumon, des sites directement accessibles par les vaccins intranasaux.

« Il est important d'identifier la source de la mémoire immunologique de l'infection par le SRAS-CoV-2,

car cela permet d’améliorer l’efficacité des vaccins ou des rappels vaccinaux », rappelle l’auteur principal, le Dr Donna Farber, professeur de chirurgie, de microbiologie et d'immunologie au Columbia University Vagelos College of Physicians and Surgeons.

L’identification de centres germinatifs des mois après l'infection par le SRAS-CoV-2 :

 

  • de nouvelles preuves de la génération de centres germinatifs, ou sites spécialisés, où sont produits les cellules B productrices d'anticorps et les cellules B à mémoire, dans les ganglions lymphatiques associés aux poumons, et cela jusqu'à 6 mois après l'infection, même chez les personnes âgées ;
  • des cellules B du centre germinatif spécifiques au SARS-CoV-2 et des cellules T-folliculaires auxiliaires – la population de cellules T qui favorise la différenciation des cellules B – dans les ganglions lymphatiques associés aux poumons.
  • Il s'agit de la première preuve directe que de tels centres sont générés et persistent après l'infection par le SRAS-CoV-2. Une persistance des cellules B qui permet d’assurer le maintien à long terme des anticorps en circulation et une maturation continue de la réponse immunitaire.

 

Même les plus âgés créent de fortes mémoires "immunitaires" : c’est un constat et une découverte « permise » par l’émergence du SRAS-CoV-2 : les personnes âgées réagissent différemment aux nouveaux agents pathogènes. Après 40 ans, le système immunitaire ne crée pas beaucoup de nouvelles cellules T conçues pour mémoriser les expositions à de nouveaux pathogènes. «Quand vous êtes plus âgé, vous comptez principalement sur vos cellules à mémoire et cela vous protège généralement car

avec l’âge il devient plus rare de rencontrer un tout nouvel agent pathogène ».

Cependant, il est clair que le SARS-CoV-2 a changé la donne. L'étude révèle ainsi qu'une mémoire immunologique robuste peut être établie même chez les personnes âgées. Cette nouvelle compréhension suggère aussi que les vaccins génèrent très probablement des réponses plus efficaces chez les personnes âgées qu'on ne le pensait. « Nous montrons en effet que des fonctions du système immunitaire que nous associons à des âges plus jeunes persistent chez les personnes plus âgées ».

 

Et pour améliorer la protection contre le virus ? Les vaccins devraient donc cibler les cellules immunitaires à mémoire dans le poumon et ses ganglions lymphatiques associés, ce qui peut être réalisé notamment avec des sprays nasaux, concluent les auteurs.