COVID-19 : « En attendant Godot », une métaphore critique de notre réponse à la pandémie
Cet expert de la Society for Disaster Medicine and Public Health (Rockville, Maryland) nous incite à réfléchir, avec l’utilisation de cette métaphore « En attendant Godot » pour illustrer une feuille de route, face à la pandémie COVID-19, guidée par une série de questions malheureusement sans réponses claires, en particulier de la part de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cet article d’opinion, publié dans la revue Disaster Medicine and Public Health Preparedness propose d’adopter pour les futures pandémies, comme on le fait pour les séismes, un index « de magnitude et d’intensité ».
Cependant, écrit l’auteur : « Sur une échelle linéaire de 10 points (10 correspondant à la plus grande sévérité), il est probable que COVID-19 se situerait entre 2 et 3 ».
Comment justifier la déclaration de l'OMS sur la pandémie en mars à la lumière des dommages socio-économiques considérables qui ont suivi ? Quelle est l'utilité du test COVID-19 par PCR ? Le risque lié à COVID-19 justifie-t-il le niveau de peur engendré ? Quelle est la conséquence d'un effet d'immunité collective ? Autant de questions posées, et il est vrai, qui restent sans réponses.
La métaphore « En attendant Godot » adaptée à notre réponse au COVID-19 ?
Par l’examen des réponses apportées à la pandémie dans le monde, « basée sur une modélisation prédictive basée sur des hypothèses et des hypothèses non prouvées », l’auteur justifie l’emploi de sa métaphore. Avec l’objectif aussi, « de mieux comprendre où nous en sommes actuellement, comment nous en sommes arrivés là et, surtout, d’entamer un processus de préparation à la prochaine pandémie ».
Ensuite, une échelle objective de sévérité est proposée, à l'instar de celles qui peuvent exister pour les tremblements de terre : il n’existe pas de systèmes de mesure pour les pandémies, et pourtant nous disposons de plusieurs paramètres tels que la morbidité, la mortalité et la répartition géographique, qui peuvent venir nourrir un tel modèle, plus objectif, permettant de définir l'intensité d’une épidémie. Une telle échelle permettrait une réponse plus graduée par opposition à une réponse dichotomique ou « tout ou rien ». Des données existent en particulier sur « les pandémies historiques et leurs impacts sur la santé des populations dans le monde » qui peuvent permettre de valider cet exercice.
Préciser l’utilité et l’utilisation des tests PCR :
- Une telle échelle devra permettre également de corriger la mesure actuelle de « l’intensité » de COVID-19 « en termes de tests de laboratoire positifs ».
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Ce qui revient à considérer « 1 cas » même s’il est asymptomatique.
- Le résultat global de cette forme d’épidémiologie est un message de santé publique basé sur la peur reposant sur un nombre élevé de cas, souvent présenté hors contexte et généralement amplifié par les médias. En conclusion, si l’utilité du test comme outil de diagnostic pour les personnes présentant des symptômes est peu discutable, son utilité en tant que mesure de santé publique pour contenir et atténuer la propagation du virus et pour permettre des comparaisons entre les périodes et les régions reste discutable.
- La deuxième application de santé publique du test PCR, soit de permettre le traçage des contacts et limiter ainsi les expositions supplémentaires rencontre des obstacles de taille, la capacité nécessaire à tester puis à tracer un nombre si élevé de nouveaux cas et la réticence de nombreuses personnes à renseigner leurs contacts, à observer la quatorzaine à domicile-avec le risque associé de développement d’un cluster familial.
- Enfin, le test PCR est un test ponctuel et un résultat négatif aujourd'hui pourra être positif demain.
Alors qu’environ
85% des cas positifs présentent une maladie légère à modérée, le nombre de positifs par test PCR est une mauvaise mesure des effets sur la santé du COVID-19.
Le risque justifie-t-il le niveau de peur? Mais pourquoi avons-nous peur de COVID-19 ? Le chercheur évoque 2 raisons principales :
- Notre peur de l'inconnu, de l'invisible, ce qui est le cas des nouvelles maladies infectieuses. Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’apaiser cette peur, car nous avons l’expérience de 25 millions de cas dans le monde, et acquis une compréhension significative de l'épidémiologie et de la pathogenèse de COVID-19, en particulier en ce qui concerne les personnes les plus à risque et comment mieux les protéger.
- Une forme sévère peut être mortelle -avec de surcroît la perspective du manque de structures médicales adaptées et de personnel soignant. Cette deuxième source de peur devrait encourager une communication plus saine et responsable, suggérant à chaque individu de mieux évaluer son risque et d’adapter son comportement en conséquence. Cette communication devrait également réaffirmer que :
« le COVID-19 est là et qu'il ne disparaîtra pas de sitôt ».
Atténuer la peur pour réduire les dommages collatéraux « résultant d'interventions extrêmes telles que le confinement et les fermetures d'écoles ». Une prolongation sans point final réel en vue, en attendant un vaccin qui peut ou non arriver, serait probablement plus dommageable.
Et l’immunité de groupe ? L'immunité collective n'est pas une intervention, elle évolue naturellement à mesure que le nombre d'individus immunoprotégés dans la population augmente. Le vrai problème est le niveau d'immunité qui doit être atteint pour éradiquer la maladie ou, au moins, pour réduire la transmission à un niveau endémique acceptable. Dans le cas de COVID-19, écrit l’auteur, il faudrait prendre en compte l’hétérogénéité de la vulnérabilité à la maladie… Un taux d’immunisation collective de 40% par opposition aux premières estimations de 70-80% pourrait probablement -au vu des données disponibles et ici documentées- permettre d’affaiblir la propagation du virus.