COVID-19 : Et si le lama détenait la réponse ?
Ces travaux tout à fait sérieux, auxquels collaborent entre autres instituts de recherche, les National Institute of Allergy and Infectious Diseases américains (NIAID/NIH), utilisent un animal original, le lama, pour travailler au développement d’un vaccin contre l’infection au coronavirus SARS-CoV-2 associé à la pandémie COVID-19. De quoi s’agit-il ? Les scientifiques immunisent des lamas avec des protéines de pointe de SARS-CoV-2, identifient et isolent des anticorps clés bien particuliers : ces fragments d’anticorps de camélidés constituent, à la fois pour leur capacité à pénétrer les tissus et à verrouiller le virus, des candidats thérapeutiques prometteurs pour de nouveaux traitements ou vaccins contre le coronavirus. Les premières preuves d'efficacité in vitro sont ici rapportées dans la revue Cell.
Parmi les grandes cibles de recherche thérapeutique contre COVID-19, figure la glycoprotéine de pointe du virus (Spike « S »), une « clé » d’entrée du virus dans la cellule hôte -via une protéine de surface cellulaire, maintenant bien documentée, ACE2. Tous les coronavirus utilisent la protéine spike S pour engager les récepteurs des cellules hôtes et parvenir ainsi à une fusion membranaire avec la cellule. Ces protéines S représentent ainsi une cible de choix pour le développement de nouveaux traitements ou vaccins.
Des nanobodies de camélidés pour nous immuniser
Cette équipe internationale de la Ghent University (Belgique), de l’University of Texas, des NIAID/NIH, de la Geisel School of Medicine (Liban), du Leibniz Institute for Primate Research) décrit, dans ces travaux, comment elle isole des anticorps d'un lama immunisé (ou vacciné) avec des protéines de « pré-fusion » de pointe de coronavirus. Plusieurs équipes travaillent sur ces anticorps de lama ou de chameau qui présentent différents avantages par rapport aux anticorps classiques.
Des anticorps nano, légers, stables et efficaces : ces anticorps sont dits « à domaine unique » car ils se lient à leur cible par un seul domaine unique nommé VHH. Leur petite taille et leur faible poids moléculaire qui leur vaut d’être nommés parfois « nanobodies » leur permet de mieux pénétrer les tissus. Il se trouve que ce type d’anticorps est
naturellement exprimé dans le sérum de camélidés,
chameaux, lamas ou dromadaires, avec une excellente stabilité et solubilité.
Premières preuves d’efficacité in vitro : l’équipe démontre, in vitro, que ces anticorps de Lama (nommés VHHs) neutralisent différents coronavirus dont MERS-CoV et SARS-CoV-1. Certains de ces anticorps peuvent déclencher une immunité « croisée » : certains anticorps WHH de Lama dirigés contre le SRAS (SARS-CoV-1) se lient aussi à la protéine de pointe pour empêcher l'entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules.
- 2 anticorps à domaine unique provenant d'un lama immunisé avec des pointes MERS-CoV et SARS-CoV-1 s‘avèrent puissamment neutralisants contre les coronavirus à pointe S.
Ces premières données fournissent une première base moléculaire, ces anticorps de Lama, pour lutter contre les différents coronavirus pathogènes.
En d’autres termes, ces nanobodies pourraient constituer la base de futurs traitements permettant de stopper la réplication du virus et/ou de futurs vaccins contre les maladies à coronavirus dont COVID-19.