COVID-19 : Et si l’incubation était parfois beaucoup plus longue ?
Et si au-delà de se dissimuler chez les présymptomatiques et les asymptomatiques, le coronavirus jouait d’une autre ruse évolutive en augmentant sa période d’incubation ? COVID-19 peut en effet suivre une période d'incubation bien plus longue, suggère cette nouvelle analyse de cas intervenus à Wuhan, à paraître dans la revue Science Advances. Ces données pourraient impliquer une révision des mesures de « quatorzaine » toujours en œuvre dans de nombreux pays.
Les auteurs rappellent qu’à ce jour, l’estimation de la période d'incubation de COVID-19 soit 4 à 5 jours est basée sur de petites tailles d'échantillons, des données limitées et des rapports de cas qui ont pu être biaisés par la mémoire du patient ou l’évaluation des médecins. Cette estimation de la distribution de la période d'incubation du COVID-19 basée sur la théorie du renouvellement en probabilités -qui permet de réduire ces biais de rappel des événements passés- et sur un très large échantillon de patients, a permis cette nouvelle estimation de la période d'incubation du COVID-19.
Une période moyenne d’incubation médiane de 8 jours,
plus longue que les estimations précédentes de l’ordre de 4 à 5 jours.
Jing Qin, professeur de mathématiques à l’Université de Hong Kong et ses collègues ont développé cette approche peu coûteuse pour estimer les périodes d'incubation et l'ont appliquée à 1.084 cas confirmés de COVID-19 avec antécédents connus de voyage ou de résidence à Wuhan. L'équipe aboutit à :
- une période d'incubation médiane de 7,76 jours,
- 10% des patients suivent une période d'incubation de 14,28 jours : ce qui suggère que certains patients vont au-delà.
Revoir le principe de la quatorzaine ? Le constat devrait inciter les Autorités sanitaires à revoir les mesures d'isolement qui s'appuient sur quatorzaine standard qui ne couvre pas des durées supérieures à 14 jours. Ces mesures ne prennent pas en compte des modifications possibles de la durée d’incubation avec l’évolution ou les mutations du virus, ajoutent les chercheurs.
Ces nouvelles données pourraient ainsi éclairer les lignes directrices de confinement. Pour être efficaces, ces stratégies dépendent de la compréhension de la période d'incubation de la maladie, ou du temps écoulé entre l'infection et l'apparition des premiers symptômes, et du degré de variation d'un individu à l'autre.