COVID-19 et transmission aéroportée : Il est temps de faire face à la réalité
Jusqu’à ces derniers jours, face à la pénurie d’équipements de protection individuelle, on a peu abordé la question de la transmission aéroportée possible du virus. Le risque de transmission par gouttelettes, qui peut être prévenu par de simples mesures de distanciation, a été beaucoup plus développé. Pourtant, de récentes études ont bien suggéré une diffusion aérosolisée et aéroportée du coronavirus SARS-CoV-2. Ces chercheurs de l’Université du Queensland (Australie) exhortent aujourd’hui les Autorités sanitaires à reconnaître le rôle de la transmission aéroportée du virus, bien au-delà de la distance recommandée d’1 ou 2 mètres, afin d'enrayer la propagation de la maladie.
« Il est temps de faire face à la réalité », titrent les chercheurs qui recommandent des mesures de prévention portant sur la décontamination de l’air intérieur des espaces clos et du domicile. Les chercheurs rappellent les données de la littérature montrant (Voir schéma) que le virus « voyage » aussi sur plusieurs mètres, sous forme de minuscules gouttelettes (aérosol) portées par des flux d'air. Le professeur Lidia Morawska, un expert de renommée mondiale en matière de qualité de l'air et le professeur Junji Cao de l'Académie chinoise des sciences appellent donc à lancer de toute urgence des recherches sur la transmission de COVID-19 par voie aéroportée : « il est temps de mener des recherches sur la façon dont les virus peuvent circuler dans l'air. Il existe de nombreuses similitudes entre les coronavirus responsables du SRAS et de COVID-19, il est donc très probable que le SARS-CoV-2 puisse se propager par voie aérienne ».
La recherche sur la transmission du coronavirus dans l'air devrait être entreprise maintenant
Le processus est connu : le contenu liquide des gouttelettes s'évapore après avoir été expiré sous forme de gouttelettes si petites ou d’aérosols portés par les courants d'air sur plusieurs mètres au contraire des gouttes plus grosses qui tombent rapidement au sol. « Ces petites gouttelettes peuvent transporter leur charge virale, même à des dizaines de mètres, très loin de la personne infectée ». Il reste néanmoins complexe de détecter précisément « les virus se déplaçant dans l'air » en particulier car il faudrait une très longue période d'échantillonnage pour collecter suffisamment de copies du virus.
La recherche sur la transmission du coronavirus dans l'air devrait être entreprise maintenant et le risque d'infection lié à ce mode de propagation devrait être évalué avec sérieux.
Les exemples de transmission virale sans contact sont nombreux : l'analyse du modèle de propagation du COVID-19 en Chine révèle de nombreux cas de transmission sans contact, en particulier dans les zones situées en dehors de Wuhan. Sur de nombreux navires de croisière à bord desquels des milliers de personnes ont été infectées, de nombreuses infections se sont produites après que les passagers aient pu s'isoler dans leur cabine.
« les systèmes de ventilation pourraient propager le virus »
Le virus du SRAS s'est ainsi propagé dans les airs lors de l'épidémie de 2003. Plusieurs études ont confirmé rétrospectivement cette voie de transmission. Une étude de l'OMS (2009) apporte également des preuves de la transmission possible de maladies virales à distance, dans des environnements intérieurs, via une diffusion aérosolisée ou aéroportée. Un type de transmission capable d’infecter un grand nombre de personnes rapidement.
Les chercheurs appellent à des recommandations immédiates pour pour réduire ce risque de transmission aérienne, comme,
- une ventilation accrue des espaces intérieurs,
- un recours de préférence à la « ventilation naturelle »,
- éviter le recyclage de l'air
- éviter de rester dans le flux d'air direct d'une autre personne
- et bien sûr, veiller à une ventilation adaptée dans les maisons de retraite, de soins infirmiers, les hôpitaux, mais aussi les magasins, les bureaux, les écoles, …
« Nous avons déjà perdu un temps précieux en ignorant ce mode de propagation et nous devons agir sur la base de l’hypothèse que le COVID-19 se propage dans l'air ».