COVID-19 : Il continue à faire baisser l'espérance de vie
Cette étude épidémiologique, menée à l’University of Southern California, montre, pour les États-Unis, que l’effet du COVID-19 de réduction de l’espérance de vie se poursuit en 2021, en dépit de la mise en œuvre des différentes mesures de prévention et du déploiement de la vaccination. Cette baisse d’espérance de vie frappe toujours de plein fouet les minorités, relève l’analyse présentée dans la revue PLoS ONE.
Ces disparités persistantes selon l'origine ethnique confirment la persistance d’une inégalité d’accès aux soins de santé, qui semblent s’être aggravées en dépit du caractère universel de la pandémie. L’explication réside probablement dans la réticence à se faire vacciner des groupes de population moins éduqués et à l’exposition plus élevée et en première ligne des minorités au risque d’infection, toujours possible en dépit de la vaccination.
L'auteur principal, le chercheur Theresa Andrasfay, et son équipe, réactualisent ici l'effet de la pandémie sur l'espérance de vie aux États-Unis. Leur première analyse, publiée dans les Actes de l'Académie nationale des sciences en janvier 2021, avait montré que 2020 présentait la plus forte baisse en une année de l'espérance de vie au cours des 40 dernières années et la plus faible espérance de vie estimée depuis 2003.
La nouvelle analyse conclut que :
- l'espérance de vie à la naissance aux États-Unis a diminué de 2,2 ans, passant de 78,8 en 2019 à 76,6 en 2021 ;
- la diminution estimée de l'espérance de vie pour 2021 est supérieure de 0,6 an à la diminution observée en 2020.
- d'importantes disparités subsistent, selon les minorités, dans la perte de durée de vie, ces disparités ont persisté et se sont aggravées au fil de la pandémie : ainsi, à titre d’exemple, entre 2019 et 2021, les personnes blanches ont perdu 2 années de vie en moyenne, alors que les personnes noires en ont perdu 3,5 ans et les personnes hispaniques 3,7 années.
« Les disparités dans la perte d'espérance de vie depuis la pandémie subsistent malheureusement avec une ampleur inacceptable ».
Le COVID-19 en cause mais avec d’autres causes de décès : bien que le COVID soit la principale cause de cette réduction d’espérance de vie, les autres causes de décès ont quasiment toutes augmenté en regard de leurs niveaux prépandémiques. Ainsi, en 2020 et 2021, la pandémie semble avoir joué un rôle clé dans l'augmentation des décès par overdose et de causes cardiaques, notamment. La prévalence du diabète a fortement augmenté et est à l’origine d’une partie des complications des infections COVID.
Les Centers for Disease Control américains (CDC) viennent d’ailleurs de publier leurs estimations provisoires de l'espérance de vie en 2021. Si les conclusions de cette étude sont légèrement différentes de celles des CDC, elles concordent très largement sur la tendance continue, depuis le début de la pandémie, à la réduction de l'espérance de vie, en particulier au sein des minorités.
Un espoir cependant, alors que la mortalité par COVID-19 a été plus faible au premier semestre 2022 vs 2021, il est possible que l'espérance de vie en 2022 s'améliore. « Cependant, tout va dépendre en fin de compte de cet automne et cet hiver ».