COVID-19 : Immunodépression, infection persistante et émergence de variantes
Les infections persistantes COVID-19 chez les personnes immunodéprimées peuvent donner lieu à des variantes préoccupantes, soulignent ces chercheurs du Fred Hutchinson Cancer Research Center, de la Johns Hopkins et d’autres instituts de recherche américains, qui appellent, dans le New England Journal of Medicine (NEJM) à une attention accrue aux infections persistantes au COVID-19 chez les personnes immunodéprimées.
Les auteurs soulignent que plusieurs études de cas chez des patients atteints d'une maladie COVID-19 prolongée révèlent des schémas mutationnels aboutissant à des variantes préoccupantes. L’auteur principal, le Dr Larry Corey, virologue au Fred Hutchinson Cancer Research Center appelle « la communauté médicale à élaborer des directives plus précises pour surveiller, traiter et prévenir les infections à COVID-19 chez les patients immunodéprimés afin de réduire à la fois le risque pour ces patients et l'émergence de variantes préoccupantes ».
« "Immuniser" les patients immunodéprimés,
et parmi ceux ayant une réponse inadéquate aux vaccins, envisager l'utilisation d'anticorps monoclonaux prophylactiques pour prévenir l'infection », c’est en substance, le protocole rappelé par les auteurs. Ceux-ci conseillent à leurs homologues et aux professionnels de santé de surveiller attentivement les personnes immunodéprimées atteintes d'infections persistantes au COVID-19 en prélevant, de manière séquentielle des échantillons pour détecter ces infections prolongées au COVID-19.
La réponse immunitaire partielle observée chez les patients immunodéprimés crée un environnement unique pour la sélection immunitaire des variantes évolutives. « C’est un contexte très préoccupant".
- Le virus peut persister pendant des semaines ou des mois chez les patients immunodéprimés,
conduisant à des virus porteurs d'une constellation de mutations :
« ces virus ressemblent parfois aux variants qui défient actuellement nos systèmes de santé », explique le co-auteur, le Dr Morgane Rolland, généticienne virale qui appelle les médecins à mieux informer les personnes immunodéprimées de leur potentiel d'excrétion virale prolongée si elles sont infectées par le SRAS-CoV-2. Ces personnes devraient absolument s’isoler jusqu'à obtenir un test négatif.
Donner la priorité à la vaccination à ces patients et à leurs familles est donc l’une des premières implications de l’étude. Une autre est la poursuite des recherches ciblées chez des groupes de patients immunodéprimés comme les receveurs de greffes : mieux comprendre les réponses des anticorps et des lymphocytes T chez ces personnes immunodéprimées pourra en effet apporter des indices sur les raisons d’une réponse en anticorps affaiblie à la protéine de pointe du virus. « Un très grand nombre de ces patients ont du mal à se défendre contre le COVID-19 et pourraient bénéficier de ces recherches ».
Bref, c’est un appel à des efforts soutenus pour poursuivre le développement de vaccins de nouvelle génération plus efficaces contre les variants, pour tester des combinaisons d'anticorps capables de prévenir l'infection chez les personnes immunodéprimées et faire ainsi progresser les traitements pouvant stopper la réplication virale, en particulier chez ces groupes plus vulnérables.