COVID-19 : La forme et la force physiques nous protègeront à vie
On sait que la forme physique et la pratique de l’exercice contribuent au développement de l’immunité et pourtant peu d’études à ce jour ont regardé les effets de ces 2 facteurs sur la réponse à l’infection à SARS-CoV-2 et sur la sévérité de la maladie COVID-19. Cette étude de l’Université de Göteborg (Suède) menée auprès de participants plus âgés, qui avaient démontré à la fin de leur adolescence une bonne forme physique, montre qu'une fois devenus des adultes d’âge mûr, ces personnes se défendent mieux contre le virus et ne développent pas ou majoritairement pas de forme sévère de la maladie.
Il s’agit précisément de participants d’âge mûr, qui à la fin de leur adolescence avaient réussi les tests d'aptitude physique pour l’enrôlement militaire. L’étude montre que, jusqu’à 50 ans plus tard, ces hommes devenus plus âgés, ont pu, pour la très grande majorité d’entre eux, éviter l’hospitalisation en cas de COVID-19 pendant la pandémie. En synthèse, une bonne forme physique à l’adolescence semble conférer une protection durable et cela des dizaines d’années plus tard, contre les formes sévères de COVID-19.
L'analyse des données d'1,5 millions de conscrits devenus plus âgés
Les chercheurs ont ainsi analysé les données du registre de conscription de plus de 1,5 million de jeunes hommes suédois qui avaient effectué leur service militaire dans les années 1969-2005. Presque tous ces hommes avaient passé un test de vélo et un test de force. Seuls 2.500 des hommes inscrits au registre été, durant le printemps 2020, hospitalisés avec COVID-19. Les chercheurs ont réparti les participants en 3 groupes en fonction de leurs scores aux tests de condition physique et de force. Les données ont ensuite été fusionnées avec celles de 3 autres registres suédois : le registre national des patients hospitalisés (ou registre des sorties d'hôpital), le registre des soins intensifs et le registre des décès. L’analyse combinée de ces grandes bases de données révèle :
- une association claire et inverse entre la forme physique et la force à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte et le risque d’hospitalisation en raison d’un COVID-19, 15 à 50 ans après l’évaluation physique initiale,
- un taux de décès de COVID 2 fois moins élevé chez les participants à bonne forme physique à l’adolescence vs les participants moins en forme.
« Nous constatons qu'une bonne forme physique et une force musculaire élevée à la fin de l'adolescence sont des facteurs de protection « à vie » contre les COVID sévères », résume l’auteur principal, Agnes af Geijerstam, chercheur à l'Académie Sahlgrenska de l'Université de Göteborg. Il faut néanmoins souligner que les hommes les plus âgés de l'étude n'avaient pas encore atteint l'âge de 70 ans, ce qui a pu réduire mécaniquement le taux de décès dans l’étude.
Et la taille et le poids ? Une analyse complémentaire des données de taille et de poids des participants, toujours à la fin de l’adolescence, révèle que :
- même si l’obésité -au moment de l’infection- est un facteur de risque de COVID sévère, une bonne forme physique et une force élevée à l’adolescence sont des facteurs de protection significatifs, et même lorsqu’il y avait surpoids ou obésité à l’adolescence ;
- la taille apparaît positivement associée au besoin de soins intensifs en cas de COVID, avec cependant une augmentation de la probabilité de soins très faible, avec l’augmentation de la taille. Dans ce cas, la force et la forme physique ne semblent pas influer sur l’association.
L'effet protecteur d'une bonne forme physique dans de nombreuses conditions médicales, y compris contre les infections, a déjà été documenté par de nombreuses études. Il est bien établi qu’une bonne forme physique renforce le système immunitaire et que la propension à l'inflammation est réduite par l'activité physique. Enfin, une bonne condition physique à l'adolescence est généralement associée à un mode de vie actif et sain tout au long de la vie adulte.
Le résultat le plus marquant reste la durabilité, sur des dizaines d’années, de cet effet protecteur de la force et de la condition physiques. L’étude sensibilise à l’augmentation de la sédentarité chez les jeunes et aux risques qui peuvent y être associés, dont une résistance réduite aux futures pandémies virales.