COVID-19 : La septicémie fréquemment associée au SARS-CoV-2
Cette étude du Mass General Brigham (MGB, Boston) révèle que la septicémie associée au SRAS-CoV-2 est plus courante et plus mortelle qu'on ne le pensait. Cette analyse des dossiers de santé électroniques de 5 hôpitaux du MGB, publiée dans le JAMA Network Open et qui a quantifié le fardeau de la septicémie associée au SRAS-CoV-2, suggère, pour la première fois, que le virus responsable du COVID-19 est une cause de sepsis relativement courante.
En effet, durant la période d’étude, en pleine pandémie, 1 cas de sepsis sur 6 est associé à l’infection COVID. Ces données suggèrent même de repenser le protocole de surveillance et de traitement de la septicémie virale.
L’auteur principal, le Dr Claire Shapell, du Service de médecine pulmonaire et de soins intensifs du MGB commente ainsi ces travaux : « la plupart des professionnels de la santé, au-delà même du public, assimilent la septicémie aux infections bactériennes. Cette association se reflète dans les directives et décisions thérapeutiques qui exigent la délivrance immédiate d’antibiotiques aux patients suspectés de sepsis. Cependant, les infections virales, dont le virus SARS-CoV-2, peuvent déclencher la même réponse immunitaire exacerbée et conduire à une défaillance d’organe, comme cela peut se produire avec la septicémie bactérienne ».
Peu de recherches ont été menées sur la septicémie virale
L’étude a donc cherché à capturer une image complète et plus précise des cas de sepsis associés au SARS-CoV-2 via l’analyse des dossiers de santé électroniques des hôpitaux Mass General Brigham, ur la période mars 2020 à novembre 2022. L’équipe a pu ainsi préciser l’incidence et la mortalité du sepsis associé au SRAS-CoV-2 à l’aide de critères cliniques adaptés de la définition de surveillance du sepsis du Center for Disease Control and Prevention (CDC), des résultats des tests SARS-CoV-2 positifs et des signes cliniques de défaillance d’organe. L’analyse révèle :
- 431.017 hospitalisations de 261.595 patients ;
- 5,4 % des hospitalisations étaient dues à des infections par le SRAS-CoV-2 ;
- 28,2 % de ces hospitalisations étaient dues à une septicémie associée au SRAS-CoV-2 ;
- le taux de mortalité des patients atteints de sepsis associé au SRAS-CoV-2 s’avère initialement élevé : 33 % au cours des trois premiers mois de la pandémie ;
- ce taux de mortalité diminue ensuite avec le temps et rejoint au bout de quelques mois le taux de mortalité pour septicémie bactérienne présumée, soit environ 14,5 % ; ce taux reste ensuite stable tout au long de la période d'étude.
Les auteurs appellent, à la lumière de ces résultats, à de futures recherches sur le sepsis viral, associé à d’autres virus, notamment la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS).
« Notre recherche sensibilise au fardeau élevé et aux mauvais résultats associés à la septicémie virale. Le sepsis n’est pas une entité « universelle », mais une condition variable qui implique une adaptation du diagnostic et de la stratégie thérapeutique, au syndrome développé par chaque patient et en fonction de l’agent pathogène suspecté ».