COVID-19 : La transmission présymptomatique existe aussi
On a déjà documenté la transmission asymptomatique, cette étude documente la transmission présymptomatique. Des preuves préliminaires, notamment des rapports de cas en Chine ont déjà évoqué la possibilité d'une transmission présymptomatique du SRAS-CoV-2.
On en sait aujourd’hui un peu plus sur la durée de transmission présymptomatique possible avec cette étude menée au National Centre for Infectious Diseases de Singapour, et présentée dans le Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR) des US Centers for Disease Control and Prevention : les personnes infectées par le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 peuvent transmettre l'infection 1 à 3 jours avant l'apparition de leurs symptômes.
De telles conclusions soulignent encore l'importance de la distanciation sociale pour lutter contre l'épidémie de COVID-19, mais élèvent aussi l'objectif des mesures de confinement. Les chercheurs soulignent l’importance de la prise en compte de ce délai de transmission possible avant l’apparition des symptômes dans le délai de transmission global. En pratique, alors que les dernières études estiment le délai moyen entre le début des symptômes et la sortie de l'hôpital à 24,7 jours (en Chine), la sortie étant validée par 2 tests négatifs successifs, le délai possible de transmission pourrait ainsi atteindre 27-28 jours.
Environ 12 % des transmissions seraient « présymptomatiques »
Les chercheurs ont analysé les 243 cas de COVID-19 confirmés à Singapour entre le 23 janvier et le 16 mars. La transmission présymptomatique a été définie comme la transmission du SRAS-CoV-2 d'une personne infectée (patient source) à un patient secondaire avant que le patient source ne développe des symptômes et en l’absence de preuve que le patient secondaire puisse avoir été exposé à une autre personne avec COVID-19.
Les chercheurs identifient 7 clusters avec transmission présymptomatique probable. A partir de l’analyse de 4 de ces clusters, où la date d'exposition a pu être déterminée et les contacts vérifiés, l’équipe montre que la transmission présymptomatique s’est produite entre 1 et 3 jours avant l'apparition des symptômes chez le patient source.
Précisément, parmi ces 243 cas de COVID-19 signalés à Singapour au 16 mars,
- 157 ont été acquis localement ;
- 10 des 157 (6,4%) cas acquis localement sont liés à une transmission présymptomatique ;
- ces données sont cohérentes avec de précédentes études chinoises qui suggèrent que parmi les cas chinois confirmés en dehors de la province du Hubei, 12,6% des transmissions auraient pu se produire avant l'apparition des symptômes chez le patient source.
Comment peut s’effectuer la transmission présymptomatique ? Également par les gouttelettes respiratoires ou la transmission indirecte par contact avec une surface ou un objet contaminé. Les chercheurs rappellent, qu’au-delà de ces deux modes de contamination majeurs, la contamination de l'environnement par le SRAS-CoV-2 est aujourd’hui documentée.
Pour tenir compte du risque de transmission présymptomatique, les protocoles de recherche des contacts devraient sérieusement envisager d'inclure cette période qui précède l'apparition des symptômes. Mais ce n’est pas tout : la possibilité d'une transmission présymptomatique du SRAS-CoV-2 augmente les défis des mesures de confinement du COVID-19, qui reposent sur la détection précoce et l'isolement des personnes symptomatiques. L’impact du confinement dépend en effet de la durée de la transmissibilité.
A noter, une telle transmission a également été observée avec d'autres virus respiratoires tels que la grippe.
En pratique, ces résultats suggèrent que pour contrôler la pandémie, il pourrait ne pas être suffisant que seules les personnes présentant des symptômes limitent leur contact avec les autres, car les personnes asymptomatiques ou qui n’ont pas encore développé les symptômes peuvent aussi transmettre l’infection.