COVID-19 : Le sprint des scientifiques vers un antiviral et un possible vaccin
« Les scientifiques sprintent pour rattraper le nouveau coronavirus », titrent ces experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le Lancet. Un hommage à la science qui relève le défi. Il y a 2 mois, COVID-19 était totalement inconnu. Pourtant, les chercheurs ont déjà réussi à mener de très nombreuses études et ont déjà beaucoup appris. Un premier candidat vaccin devrait être testé dans les semaines à venir et les US National Institues of Health débutent les essais cliniques sur un médicament possible, le remdesivir.
Si l’épidémie de pneumonie associée au nouveau coronavirus COVID-19 poursuit sa propagation avec -selon le GISAID- à ce jour 81.000 cas confirmés et près de 2.800 décès, l’espoir vient du ralentissement de la diffusion en Chine (78.000 cas confirmés) où les mesures draconiennes de contingentement semblent commencer à porter leurs effets. En revanche le nombre de nouveaux cas dans certains autres pays progresse, dont en Italie avec 11 décès confirmés ces tout derniers jours.
Les scientifiques du monde entier sont sur le pont
Pas moins de 400 chercheurs - réunis à l’initiative de l’OMS du 10 au 12 février- travaillent à une vitesse vertigineuse pour découvrir comment détecter, traiter et contrôler le nouveau coronavirus. En 2 mois, les scientifiques ont beaucoup appris. On sait aujourd’hui que le réservoir du coronavirus est un animal, que la proportion de cas graves augmente avec l'âge, que 81% des infections sont aujourd’hui considérées comme bénignes et que le taux de mortalité est compris entre 2 et 3% ;
Parmi les axes de recherche en cours, le diagnostic, les vaccins et les traitements bien sûr, mais aussi la réponse et la protection des professionnels de santé contre l’infection. Une feuille de route devrait ainsi être publiée en fin de mois par l’OMS pour préciser les outils à développer et les mesures supplémentaires à mettre en œuvre pour mieux contrôler l'épidémie, réduire les décès et les « dégâts » sociaux et économiques.
La prochaine feuille de route va permettre aux scientifiques, aux chercheurs et aux financiers de coordonner leurs efforts pour répondre aux priorités, dont :
- le développement d’un test de diagnostic utilisable facilement en soins primaires, même dans les milieux les moins équipés et les plus vulnérables ;
- une meilleure compréhension de la transmission humaine du coronavirus ;
- le rôle et le mode d’utilisation des équipements de protection individuelle (masques, gants, blouses) pour protéger les personnels de santé au contact avec les patients atteints ;
- les effets des restrictions de déplacements et des contingentements de masse.
De grandes questions « sociales et comportementales » se posent également : il est important écrivent ces experts, de lutter contre la panique, les rumeurs et la stigmatisation et de promouvoir l'adhésion aux mesures de santé publique. Il s’agit donc d’impliquer les médias, en particulier sur les messages de santé publique.
Quel risque pour l’Afrique est un sujet qui mobilise à raison. Début février, seuls 2 pays, l'Afrique du Sud et le Sénégal étaient dotés de laboratoires pouvant tester le coronavirus. Une quinzaine de jours plus tard, l'OMS avait envoyé des trousses d'analyse à 27 pays du continent, et ces kits (visuel 2) sont en cours d’utilisation. Fin février, 40 pays africains devraient être en capacité de détecter le COVID-19, se donnant ainsi les meilleures chances de réponse avant la propagation du virus.
Du partage de l'information : la Chine, soupçonnée parfois d’avoir tardé à informer le reste du monde « a travaillé sans relâche pour répondre et contrôler l'épidémie de COVID-19 », écrit ainsi l’OMS et « ouvert la voie à la communauté scientifique internationale pour se joindre à la lutte », en particulier en partageant publiquement le tout premier séquençage du génome du coronavirus. Le partage d’ l’information est crucial car il permet d’accélérer la recherche et la conception de vaccins et de médicaments : les auteurs précisent que la Coalition for Epidemic Preparedness Innovation (CEPI) va ainsi tester, dans les 16 semaines à venir, un premier candidat vaccin. Enfin, les National Institutes of Health vont démarrer des tests d’efficacité de l’antiviral remdesivir.
« Les scientifiques doivent poursuivre leur dur labeur », concluent ces experts de l’OMS, assurant que l'Organisation a convenu avec le gouvernement chinois d’une mission d'experts sur place pour améliorer la compréhension de l'épidémie et guider les efforts de riposte mondiaux.