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COVID-19 : Le trop lourd tribut payé par les infirmiers

Actualité publiée il y a 3 années 5 mois 3 heures
Annals of Epidemiology
Beaucoup plus de soutien mental est nécessaire pour aider les infirmières en cette possible sortie de la crise sanitaire, et peut-être en amont d’une prochaine vague de rentrée ou d’une future pandémie (Visuel Adobe Stock 335506532)

Beaucoup plus de soutien mental est nécessaire pour aider les infirmières en cette possible sortie de la crise sanitaire, et peut-être en amont d’une prochaine vague de rentrée ou d’une future pandémie. La surcharge des systèmes de santé a considérablement aggravé l'anxiété et la dépression chez les soignants, chez qui la prévalence de l’épuisement professionnel était déjà élevée et chronique. Cette étude de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC, Canada), publiée dans les Annals of Epidemiology nous adresse un bilan sévère post-COVID-19, en particulier pour les personnels des services de soins de longue durée.

 

Ainsi, exercer dans ce contexte de tension, d’urgence et de surcharge, imposé par la pandémie COVID-19 a eu un impact énorme sur la profession, conclut cette large enquête qui vient confirmer de nombreux témoignages plus empiriques, partout dans le monde. Cependant l’étude apporte une objectivité supplémentaire en évaluant la santé mentale des soignants, avant et pendant la pandémie. « Qu'elles exercent dans des établissements ou dans des centres de soins communautaires, les infirmières ont connu des taux élevés de dépression et d'anxiété qui ont augmenté au fur et à mesure de l’intensification de la pandémie », explique l’auteur principal, le Dr Farinaz Havaei, professeur de sciences infirmières à l'UBC.

Une infirmière sur 3 souffre de dépression

L’analyse des données de l’enquête, menée pour la première vague en septembre 2019 etpour la seconde vague d’avril à juin 2020, auprès de plus de 10.000 infirmier(e)s, révèle que :

 

  • sur la période avril à juin 2020, 30% des infirmières déclarent des symptômes de dépression vs 10% avant le début de la pandémie ;
  • 40% déclarent de l’anxiété vs 30% avant la pandémie ;
  • la très grande majorité relatent de trop lourdes charges de travail, une pénurie de personnels, des niveaux insupportables de stress mental et émotionnel, une exposition plus élevée à la souffrance humaine et à la mort ;
  • une forte réduction des niveaux de bien-être et de qualité de vie.

 

Les infirmières de services de soins de longue durée sont les plus impactées : ces soignants déclarent en effet la pression au travail la plus élevée. 60% déclarent souffrir d’anxiété en avril, vs 40% des professionnels exerçant dans d’autres services ou dans les centres de soins communautaires.

 

Une lueur d’espoir mais... : l’analyse des données d’une 3è vague d’enquête effectuée quelques mois plus tard révèle que les infirmières de soins de longue durée déclarent une amélioration de leur santé mentale. Elles restent néanmoins encore 37 % à ressentir de l’anxiété et 27 % à déclarer des symptômes dépressifs. Cependant les chercheurs restent prudents et attribuent une partie de cette amélioration au départ de certaines infirmières, en raison justement de trop mauvaises conditions de santé mentale.

 

Certes, cette recherche est basée sur les données d’une province canadienne, mais elle illustre très probablement l’état de santé mentale dégradé de toutes les infirmières et tous les infirmiers dans le monde, à ce stade de la pandémie. L’étude appelle donc à renforcer les interventions de soutien et favorables à une meilleure santé mentale au travail pour ces personnels de santé, en première ligne à l’hôpital ou en ville, face à l’épidémie.

 

« Nous devons nous assurer pour le reste de la pandémie de COVID-19, et pour les pandémies à l'avenir, que nous disposons de systèmes et de ressources adéquats pour protéger nos personnels de santé de première ligne. Une mauvaise santé mentale des infirmières obère leur qualité de vie, peut diviser par 10 la qualité et la sécurité des soins pour les patients jusqu'à 10 fois et entraîne des coûts dévastateurs pour nos systèmes de santé ».


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