COVID-19 : Le vaccin, déclencheur de troubles neurologiques fonctionnels ?
Aider le public ou les usagers de santé à mieux comprendre les effets secondaires de la vaccination anti-COVID, notamment en cas de troubles neurologiques préexistants, c’est l’objectif de cette équipe de neurologues du Massachusetts General Hospital (MGH) Harvard Medical School (Boston) et de l’Université de Toronto. Une réponse d’experts apportée dans le JAMA Network en réponse à certaines vidéos qui circulent ces dernières semaines sur les réseaux sociaux, montrant des personnes ayant des mouvements anormaux et des difficultés à marcher après vaccination contre le COVID : existe-t-il donc un risque de trouble neurologique fonctionnel associé au vaccin ?
Ces vidéos véhiculent l’hypothèse selon laquelle le vaccin peut être dangereux au point de produire de tels symptômes neurologiques ou alors ces personnes simulent leurs symptômes, dans un objectif de dissuasion. Les auteurs affirment que ces 2 conclusions sont toutes deux erronées.
Un effet déclencheur sur un terrain vulnérable
Un effet accélérateur ? Les auteurs expliquent que le vaccin COVID-19 peut précipiter le développement d'un trouble neurologique fonctionnel (FND : functional neurological disorder), un trouble neuropsychiatrique caractérisé par des symptômes tels qu’une faiblesse dans les membres, des troubles de la marche, des mouvements saccadés, des tremblements et des spasmes faciaux : « La diffusion de ces vidéos alimente l'hésitation à l'égard des vaccins en apportant une image trop simpliste des liens possibles entre le vaccin et ces symptômes neurologiques», explique l’un des auteurs principaux, le Dr David Perez, neurologue et psychiatre et directeur de l'unité des troubles neurologiques fonctionnels du MGH.
Ce sont les symptômes d'un vrai trouble cérébral qui se situe à l'intersection de la neurologie et de la psychiatrie, précisent les chercheurs : le FND est une perturbation des mécanismes normaux du cerveau qui permettent normalement de contrôler le corps et peut être déclenché par des événements physiques ou émotionnels, dont un traumatisme crânien, une intervention médicale ou chirurgicale et la vaccination. La vaccination est ici entendue « en général ». Certaines personnes atteintes de FND ont une conscience accrue de leur corps et un état accru d'excitation et de menace, ce qui peut détourne les réseaux neuronaux normaux qui contrôlent les mouvements volontaires. La conscience du sujet de son contrôle moteur est altérée avec le FND, ajoute le Dr David Dongkyung Kim, chercheur en neurologie comportementale-neuropsychiatrie au MGH.
«Le corps bouge, mais l'individu ne ressent pas tous ses mouvements ».
Alors, le FND une manifestation de l’anxiété du sujet face à la vaccination ? Certaines personnes, mais pas toutes, vulnérables au développement d’un FND peuvent avoir subi des événements traumatisants ou souffrir de douleurs chroniques ou encore de troubles médicaux ou psychiatriques préexistants. « Le FND est alors déclenché par une interaction de plusieurs facteurs de risque, diont la vaccination qui peut être un déclencheur. Mais le terrain ou la vulnérabilité sont déjà « là ». Enfin, le FND peut être traité par l'éducation, la rééducation physique et la psychothérapie.
Aider les patients à comprendre ces troubles neurologiques fonctionnels leur permettra de mieux prendre des décisions éclairées de santé dont la décision de se faire vacciner contre le COVID-19.