COVID-19 : Les femmes et les jeunes plus touchés par la dépression
Déjà avant 2020, les troubles mentaux étaient les principales causes du fardeau sanitaire mondial, les troubles dépressifs et anxieux étant les principaux responsables. L'émergence de la pandémie de COVID-19 a encore exacerbé ces facteurs et la santé mentale apparaît de plus en plus clairement comme l’un des principaux contributeurs de la santé publique dans le monde. Cette large étude, publiée dans le Lancet, fait le point sur la prévalence et le fardeau des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux en 2020 et souligne notamment la plus grande vulnérabilité des femmes et des jeunes.
Ces premières estimations mondiales de l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale en 2020 suggèrent que 53 millions de cas supplémentaires de trouble dépressif majeur et 76 millions de cas de troubles anxieux sont directement liés à la pandémie ;
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les femmes et les jeunes étant les plus touchés ;
- avec une forte inégalité d’incidence et de prévalence selon les pays.
- L’incidence de la dépression et de l’anxiété a progressé de 25% pendant la crise ;
- l’incidence des symptômes dépressifs majeurs et des troubles anxieux a ainsi augmenté de plus d'un quart dans le monde en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 :
- l’incidence de la dépression majeure de 28% ;
- l’incidence des troubles anxieux de 26% ;
- les femmes apparaissent plus touchées que les hommes et les plus jeunes plus que les groupes plus âgés ;
- des taux d'infection élevés au COVID-19 et des mesures d’isolement et de distanciation plus rigoureuses (confinement, fermeture des écoles, fermeture des frontières) sont associés aux plus fortes augmentations de prévalence des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux.
Déjà avant la pandémie de COVID-19, les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux étaient déjà des facteurs bien reconnus de risque d'autres problèmes de santé tels que le suicide ou, plus largement, la maladie, affectant des millions d'hommes et de femmes de tous âges dans le monde, relèvent les chercheurs . La pandémie a accentué leur impact, montrant que « la promotion du bien-être mental et le ciblage des facteurs contribuant à une mauvaise santé mentale devraient être au cœur des efforts visant à améliorer les services de santé et de soutien », souligne l'auteur principal, le Dr Damian Santomauro, du Queensland Center for Mental Health Research, University of Queensland (Australie). En effet, déjà avant la pandémie, les systèmes de soins de la plupart des pays manquaient de ressources en santé mentale. Répondre à la demande supplémentaire de services de santé mentale en raison de COVID-19 ou de futures pandémies sera difficile,
« ne rien faire ne devrait pas être une option ».
C’est la première étude à analyser l'impact mondial en santé mentale de la pandémie de COVID-19. Les chercheurs ont mené une revue systématique de la littérature et des données d'enquêtes de population publiées entre janvier 2020 et janvier 2021. Les 48 études éligibles ont permis d’avoir la prévalence des troubles dépressifs ou anxieux représentatifs en population générale dans les différents pays, avant et pendant la pandémie. La méta-analyse indique que :
- l'augmentation du taux d'infection au COVID-19 et les mesures de restrictions sont directement associées à une prévalence accrue des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux.
- en l'absence de pandémie, il y aurait eu 193 millions de cas de trouble dépressif majeur soit 2.471 cas pour 100.000 habitants dans le monde en 2020 ;
- or 246 millions de cas soit 3.153 pour 100.000 soit une augmentation de 28% (soit 53 millions de cas supplémentaires ont été recensés durant la période ;
- plus de 35 millions des cas supplémentaires concernaient des femmes, vs 18 millions chez des hommes.
- en l'absence de pandémie, il y aurait eu 298 millions de cas de troubles anxieux, mais en fait environ 374 millions de cas soit une augmentation de 26% (76 millions de cas supplémentaires) ont été recensés ;
- près de 52 millions des cas supplémentaires concernaient des femmes, vs environ 24 millions chez des hommes.
Les jeunes ne sont pas épargnés : ils sont fortement touchés par les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux. La prévalence supplémentaire de ces troubles culmine chez les 20-24 ans (1.118 cas supplémentaires de trouble dépressif majeur pour 100.000 et 1.331 cas supplémentaires de troubles anxieux pour 100.000) puis diminue avec l'âge.
« Les fermetures d'écoles et des restrictions limitant la capacité d'interaction sociale des jeunes, contribuent à expliquer que les jeunes soient également plus durement touchés par les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux pendant la pandémie" .
Les femmes non plus : les femmes restent toujours plus susceptibles d'être plus touchées par les conséquences sociales et économiques de la pandémie, soulignent les auteurs. Des responsabilités supplémentaires notamment familiales, ont tendance à leur revenir, et les femmes restent toujours plus susceptibles d'être victimes de violence domestique.
Ce fardeau des troubles dépressifs et anxieux pendant la pandémie met en évidence l'impact de la pandémie sur la santé mentale dans le monde. Il est donc urgent de renforcer aussi les systèmes de santé mentale.
Les auteurs appellent donc à une action urgente des décideurs politiques pour renforcer ces systèmes de santé, à l'échelle mondiale afin de répondre à la demande accrue liée à la pandémie et mieux se préparer aux épidémies futures.