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COVID-19 : Les vaccins plus efficaces chez les hommes ?

Actualité publiée il y a 3 années 6 mois 5 jours
Nature Communications
Les vaccins à ARNm anti-COVID présentent des différences d'efficacité minimes, mais mesurables (Visuel Adobe Stock 411778073)

Des différences d'efficacité minimes, mais mesurables. C’est le constat effectué par ces immunologues de l’Université du Michigan sur l’efficacité des vaccins anti-COVID à ARN messager : le vaccin développé par Moderna, est efficace à 95,4% chez les hommes vs 93,1% chez les femmes. Quant au vaccin Pfizer-BioNTech, les taux d’efficacité sont de 96,4% pour les hommes vs 93,7% pour les femmes. Alors pourquoi ces vaccins anti-COVID-19 fonctionnent-ils mieux chez les hommes que chez les femmes ? Premières réponses dans la revue Nature Communications.

 

Avant toute explication, l’auteur principal, le chercheur Morteza Mahmoudi, de la Michigan State rappelle le message à retenir : tous les vaccins approuvés sont remarquablement efficaces. Avec cette subtilité, une différence d’efficacité selon le sexe. Il se trouve que pendant des années, l’équipe a étudié comment et pourquoi les nanomédicaments peuvent affecter les patients différemment en fonction de leur sexe et que les 2 vaccins en question utilisent des nanoparticules pour apporter leurs agents actifs aux cellules de notre système immunitaire.

La composante nanoparticule/nanomédecine en question

Le vaccin de Johnson & Johnson a également attiré l'attention sur des différences d’efficacité entre les sexes, car son effet secondaire (extrêmement rare) de coagulation sanguine a touché principalement les femmes. Ce vaccin utilise des adénovirus modifiés et non des nanoparticules pour éduquer notre système immunitaire. De précédentes études de la même équipe ont également montré que les virus peuvent affecter différemment les cellules des hommes et des femmes.

 

Quant aux vaccins à ARNm, les différences d'efficacité sont minimes, mais mesurables : les essais cliniques montrent des taux d’efficacité respectifs de 95 à 96% chez les hommes, vs 93 à 94% chez les femmes. Ces 2 vaccins utilisent des nanoparticules à base de lipides, des molécules grasses qui forment de minuscules sphères dans l'eau. Ces minuscules particules à base de lipides enveloppent les agents actifs des vaccins et les livrent à nos cellules immunitaires.

 

L’équipe montre, via des expériences documentées dans la revue Molecular Pharmacology, à partir d’échantillons de sang prélevés sur 18 patients, 8 hommes et 10 femmes vaccinés avec un vaccin anti-COVID à ARNm, une différence significative entre les hommes et les femmes d’absorption des nanoparticules par un type de cellules immunitaires appelées cellules tueuses naturelles (NK). En d’autres termes, ces cellules capables de cibler et tuer d'autres cellules infectées -ici des cellules qui produisent le virus - répondent aux nanoparticules lipidiques d'une manière spécifique au sexe. Précisément,

  • les cellules tueuses naturelles des patientes ont absorbé moins de nanoparticules que les cellules tueuses naturelles des participants.

 

C’est une première explication de la différence de réponse immunitaire des hommes et des femmes au vaccin ARNm. Une différence qui peut être éliminée en plaçant d'abord les nanoparticules dans le plasma d'un donneur, les protéines du plasma se liant alors aux nanoparticules à base de lipides, ce qui apporte à la nanoparticule un nouveau revêtement biologique, une sorte de « passeport pour les nanoparticules ».

 

Mieux comprendre la réponse de patients de différents sexes aux nanomédicaments : l’équipe a également mené une méta-analyse de 41 essais cliniques menés sur des nanomédicaments révèle que :

 

  • 21 essais ont été analysés par sexe parce qu'ils concernaient des pathologies principalement trouvées chez les femmes ;
  • les 20 études restantes portant sur 851 hommes et 430 femmes ne prennent pas en compte le sexe et n’apportent aucun résultat par sexe.

 

L’équipe fait plurieurs suggestions :

  • accorder à la recherche des ressources suffisantes pour effectuer des sous-analyses de cellules ou d'autres échantillons prélevés sur des hommes et des femmes. Ces sous-analyses permettraient de tirer des conclusions spécifiques au sexe.
  • élargir la recherche sur la nanomédecine : jusque-là plutôt testée dans le traitement de cancer, avec des résultats d’ailleurs médiocres, la nanomédecine pourrait trouver bien d’autres applications, comme ici avec la vaccination ; ainsi, les nanoparticules sont très efficaces dans ce processus de protection contre le nouveau coronavirus ;
  • élargir également les essais de médicaments chez les femmes, même lorsque les traitements ne concernent pas des maladies qui affectent principalement les femmes.

 

"Les essais cliniques ont été réalisés avec des dizaines de milliers de patients. Nous savons que les différences sont là et que nous devons les surveiller".