COVID-19 : L’espoir de l’hydroxychloroquine
Plusieurs molécules sont actuellement envisagées et testées en prévention ou en traitement de l’épidémie COVID-19 associée au nouveau coronavirus SARS-CoV-2, dont le remdesivir, l’association lopinavir-ritonavir. L’hydroxychloroquine et la chloroquine, des médicaments déjà prescrits pour le traitement du paludisme et de certaines maladies inflammatoires font partie de ces candidats. Alors que l’épidémie poursuit sa propagation, principalement hors de Chine, avec à ce jour 23 mars 2020, près de 350.000 cas confirmés et près de 15.000 décès, l’hydroxychloroquine retient tout particulièrement l’attention : un essai pilote, mené en France vient en effet d’aboutir à des résultats positifs. Un grand espoir pour les patients, les soignants et le monde en confinement.
L'hydroxychloroquine et la chloroquine (disponible sous forme d'hydroxychloroquine ou de sels (sulfate ou phosphate) sont des médicaments prescrits par voie orale utilisés pour le traitement du paludisme et de certaines maladies inflammatoires. La chloroquine a été utilisée pour le traitement du paludisme et la chimioprophylaxie, et l'hydroxychloroquine est utilisée pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, du lupus érythémateux disséminé et de la porphyrie cutanée tardive.
L'essai Discovery ou l'attente fébrile d'une confirmation
La chloroquine ou l'hydroxychloroquine sont actuellement recommandées ou préconisées (Etats-Unis) pour le traitement des patients hospitalisés COVID-19 dans plusieurs pays. En raison de l'activité in vitro plus élevée contre le SRAS-CoV-2 et de sa plus grande disponibilité aux États-Unis par rapport à la chloroquine, l'hydroxychloroquine a déjà été administrée à des patients hospitalisés atteints de COVID-19 dans plusieurs pays, dont les États-Unis. La chloroquine et l'hydroxychloroquine ont des profils d'innocuité connus, les principales préoccupations étant leur cardiotoxicité en cas d’utilisation prolongée chez les patients présentant une dysfonction hépatique ou rénale et une immunosuppression.
Une efficacité déjà documentée in vitro : les 2 médicaments ont démontré une efficacité in vitro contre le SRAS-CoV, le SARS-CoV-2 et d'autres coronavirus, l'hydroxychloroquine apparaissant plus puissante contre le SRAS-CoV-2 (2, 3, 4). Une étude menée en Chine (2) révèle que la chloroquine (et le remdesivir) sont très efficaces dans le contrôle de l'infection au 2019-nCoV in vitro et suggère que ces molécules ayant des antécédents de sécurité chez l’homme, et d’efficacité contre différentes maladies, elles devraient être évalués chez des patients humains souffrant de COVID-19. Une autre étude (5) rapporte des avantages cliniques et virologiques chez des patients atteints de COVID-19 vs témoins. Les auteurs ce cette étude recommandent aux Autorités sanitaires chinoises d'inclure le médicament dans les Lignes directrices pour la prévention, le diagnostic et le traitement de la pneumonie causée par COVID-19.
Et chez l’Homme ? L’étude pilote (6) menée par l’équipe du Pr Didier Raoult a rapporté que l'hydroxychloroquine seule ou en association avec l'azithromycine a permis de réduire la détection de l'ARN du SRAS-CoV-2 dans les échantillons des voies respiratoires supérieures de 20 patients atteints de COVID-19 (Voir visuel ci-contre). La charge virale dans les écouvillons nasopharyngés testée quotidiennement montre une réduction significative à J6 après l'inclusion. Cet effet semble renforcé par l'antibiotique azithromycine.
Bientôt d’autres essais cliniques ? Il n’existe donc que peu de données disponibles d'essais cliniques randomisés suffisamment larges pour préciser les directives cliniques sur l'utilisation, le dosage ou la durée du traitement par hydroxychloroquine. L'hydroxychloroquine étant déjà prescrite pour d’autres indications sur de longues périodes, elle aurait la préférence de certains experts (3) dans le traitement de l’infection à SRAS-CoV-2. De même, le schéma envisagé serait plutôt, une dose de charge suivie d’une dose d'entretien. Enfin, l'hydroxychloroquine s'est avérée plus puissante que la chloroquine pour inhiber le SARS-CoV-2 in vitro (4).
Aux États-Unis, plusieurs essais cliniques de l’hydroxychloroquine pour la prophylaxie ou le traitement de l'infection par le SRAS-CoV-2 sont déjà planifiés. En France (et en Europe), le Directeur général de la Santé a présenté le principe de l’essai clinique multicentrique randomisé Discovery mené auprès de plus de 3.000 patients, dont 800 en France, confirmés avec COVID-19.
Cet essai va donc tester l’efficacité de 4 stratégies thérapeutiques expérimentales (remdesivir, lopinavir + ritonavir avec ou non à l’interféron bêta, et l’hydroxychloroquine) qui pourraient être efficaces contre COVID-19, selon des données scientifiques préliminaires.