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COVID-19 : L‘infection obère profondément la cognition

Actualité publiée il y a 3 années 2 mois 7 heures
JAMA Network
Cette étude d’évaluation de la fonction cognitive chez les patients après une infection au COVID-19 confirme l’ampleur des déficiences cognitives plusieurs mois parfois après la « récupération » (Visuel Adobe Stock 350190734)

Cette étude d’évaluation de la fonction cognitive chez les patients après une infection au COVID-19 confirme l’ampleur des déficiences cognitives plusieurs mois parfois après la « récupération ». Ces travaux, menés à l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York) et publiés dans le JAMA Network appellent à nouveau, à la mise en oeuvre systématique d'un protocole de surveillance neurologique des personnes atteintes de ces COVID longs, en particulier en cas de plainte de dysfonctionnement cognitif ou de brouillard cérébral patent.  

 

Les troubles du fonctionnement exécutif, de la vitesse de traitement, de la fluidité verbale, de l'encodage et du rappel de mémoire sont fréquemment observés chez les patients hospitalisés. Les personnes qui ont survécu au COVID-19 se plaignent fréquemment de dysfonctionnement cognitif mais la prévalence des troubles cognitifs post-COVID-19 et l'association de ces troubles avec la sévérité de la maladie restent à préciser. La plupart des études déjà menées sur le sujet sont limitées par la petite taille des échantillons et par des méthodologies de mesure sous-optimales du fonctionnement cognitif.

 

Avec cette étude aussi,  les chercheurs constatent un taux relativement élevé de déficience cognitive plusieurs mois après l'infection.

 

 

Une forte association du COVID-19 avec une dysfonction cognitive à long terme

Ici, l’analyse de données d'une cohorte de patients atteints de COVID-19, et sans antécédent de démence, via le registre du système de santé du Mount Sinaï apporte de nouvelles données sur l’ampleur de ces troubles cognitifs post-COVID-19. Le fonctionnement cognitif a été évalué à l'aide de tests neuropsychologiques bien validés (Number Span forward (attention) and backward (mémoire de travail), Trail Making Test Part A and Part B (vitesse de traitement et fonction exécutive) and phonemic and category fluency test (langage), Hopkins Verbal Learning Test–Revised (encodage et rappel de mémoire). Les chercheurs ont évalué l’importance de chaque déficience sur chaque mesure, ainsi que l'association entre la déficience cognitive et le site de prise en charge (hôpital, USi ou domicile).

Enfin, les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont l'origine ethnique, le tabagisme, l'indice de masse corporelle, les comorbidités et la dépression.

 

L’analyse des données de 740 participants âgés en moyenne de 49 ans, à 63 % des femmes, avec un délai moyen depuis le diagnostic de COVID-19 de 7,6 mois conclut à des déficits plus marqués concernant :

  • la vitesse de traitement (chez 18 % des participants),
  • le fonctionnement exécutif (16 %),
  • la fluidité verbale (15 %),
  • la fluidité catégorielle (20 %),
  • l’encodage de la mémoire (24 %),
  • le rappel de mémoire (23 %).

 

Et par rapport au mode de prise en charge ?

  • Les patients hospitalisés sont plus susceptibles (avec un multiplicateur de 2 à 3 du risque) d'avoir des troubles de l'attention, de fonction exécutive, de fluidité, d’encodage et de rappel de mémoire vs les patients du groupe ambulatoire ;
  • idem pour les patients traités en service d’urgence qui sont près de 2 fois susceptibles de présenter une altération de la fluidité et de l'encodage de mémoire vs les patients traités en ambulatoire.

 

Les chercheurs insistent sur cette fréquence relativement élevée de dysfonction cognitive plusieurs mois après le diagnostic voire la récupération physique de la maladie. Tout un spectre de fonctions cognitives semble impacté par la maladie à long terme. Bref, l’étude confirme un modèle déjà décrit par de précédentes études, avec des implications considérables pour les résultats professionnels, psychologiques et fonctionnels.

 

Cette dysfonction cognitive associée au COVID-19 soulève des questions clés concernant le traitement à long terme des patients, concluent les chercheurs, qui souhaitent sensibiliser leurs confrères cliniciens à la surveillance nécessaire pour ces formes de COVID long.