COVID-19 : L'infection reste détectable 3 mois
De 2 à 7 mois environ c’est tout le spectre de la durée de la réponse par les anticorps anti-SRAS-CoV-2, selon les individus. Une grande variabilité, confirmée par cette étude Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal) qui décrypte le maintien des différents types d’anticorps dans l’organisme des patients COVID-19 et estime à 3 mois la durée de maintien moyenne des anticorps immunoglobuline G (IgG) après l'infection. Ces travaux, publiés dans le Journal of Infectious Diseases, ont déjà permis de développer un test multiplex permettant de mesurer simultanément les différents types d’anticorps chez les patients et d'évaluer la réponse immunitaire aux futurs vaccins. Cependant la question subsiste quant au caractère protecteur de ces anticorps plus durables IgG.
IgM, IgA et IgG sont les 3 principaux types d’anticorps en réponse aux antigènes provenant du virus SARS-CoV-2 et notamment de sa protéine de pointe (S), de la nucléoprotéine (N) et de la membrane (M). L’étude, menée auprès de 550 professionnels de santé montre que les anticorps IgA et IgM anti-SRAS-CoV-2 se désintègrent rapidement, tandis que les niveaux d'anticorps IgG se maintiennent plus longtemps, en moyenne pendant 3 mois après l'infection. Cette étude de cohorte, toujours en cours, apporte déjà ces données sur la durée des différents types d'anticorps anti-SRAS-CoV-2, mais aussi sur leur rôle dans la protection contre la maladie et la réinfection.
Chez 97% des patients, les taux d'IgG restent détectables 3 mois après l’infection
Dans cette étude,
au moment du pic pandémique, début mars 2020,
- la prévalence de l'infection par le SRAS-CoV-2 chez les professionnels de santé était évaluée à 11,2% (9,2% avaient des anticorps et 2% une infection active détectée par PCR) ;
- ce taux d’infection était légèrement supérieur à la prévalence des anticorps en population générale (espagnole) : 7%.
un mois après l'évaluation initiale soit début avril 2020,
- la prévalence de l'infection par le SRAS-CoV-2 (infection antérieure ou actuelle) chez les professionnels de santé est estimée à 15% ;
- au même moment, environ 60% des nouvelles infections détectées sont asymptomatiques.
- sur les 82 participants détectés séropositifs durant le 1er mois de suivi, 66 ont été suivis pendant 2 mois supplémentaires ;
à 3 mois,
- 78% des participants détectés séropositifs au départ n’ont plus de taux détectables d'IgM,
- 24,5% n'ont plus d'IgA détectables,
- mais 97% maintiennent des taux détectables d'IgG. En fait, les niveaux d'IgG chez certains des participants ont même augmenté par rapport à la première analyse. Ce n’est pas la première étude à montrer que les niveaux d’anticorps immunoglobuline G restent élevés chez les patients au moins 2 mois après l’infection.
L’IgG est confirmée comme l'anticorps associé à une infection passée.
La recherche confirme ainsi que les anticorps IgM et IgA diminuent rapidement dans le premier mois suivant l'infection, résume l’auteur principal, Gemma Moncunill : « cependant, les anticorps IgG restent détectables pendant au moins 3 mois ».
On ignore cependant si les anticorps IgG sont protecteurs contre la réinfection.
Les personnes infectées sont-elles protégées contre la réinfection et un nouveau développement de la maladie ? La question se pose toujours. L’étude de cohorte se poursuit afin d'évaluer l'évolution de la séroprévalence dans ce groupe à haut risque, la durée des anticorps détectables, y compris plusieurs isotypes et sous-classes de plusieurs antigènes, et leur rôle dans la protection contre la maladie et la réinfection. En attendant, sur la base de ces premiers résultats, l’équipe a développé un test ultrapuissant, permettant de mesurer simultanément les IgM, IgA et IgG sur un panel de 8 fragments viraux différents (antigènes) provenant de la protéine de pointe (S), de la nucléoprotéine (N) et de la membrane ( M). Les dosages montrent une spécificité de 100% et une sensibilité de plus de 95%.
Ces tests vont non seulement permettre de mieux évaluer l'immunité en population générale contre le SRAS-CoV-2 mais pourront aussi évaluer en regard les niveaux d'anticorps générés par les différents vaccins anti-COVID-19.