COVID-19 : Mais comment éviter les pièges extracellulaires ?
Ce consortium international a enquêté sur des cellules immunitaires hyperactives, des neutrophiles, qui semblent, avec leurs « pièges extracellulaires » causer le décès dans la maladie COVID-19 : en établissant un lien entre la forme sévère de COVID-19 et l'infiltration de ces neutrophiles et la formation excessive de ces « filets » ou NETs dans les poumons, l’équipe suggère dans le Journal of Experimental Medicine, de suivre la piste des traitements actuels utilisés dans les autres maladies « des globules blancs ».
On connait bien ces « NETs » (Neutrophil Extracellular Traps) ou filets constitués par des cellules immunitaires spécifiques, les neutrophiles. Ces globules blancs explosent et libèrent ces filets antimicrobiens composés de fibres d'ADN (Voir visuel noir et blanc), des enzymes bactéricides et des molécules pro-inflammatoires. Si ces NETs constituent une seconde ligne de défense cellulaire, ils peuvent également dans certains cas, déclencher l'inflammation : les NETs peuvent se retourner contre l'hôte, endommager les vaisseaux sanguins, déclencher une inflammation excessive et et entraîner différentes lésions tissulaires.
Les NETs responsables des formes COVID-19 plus sévères ?
L’équipe menée par les chercheurs du Cold Spring Harbor (New York) montre ici que les cellules immunitaires hyperactives qui produisent ces pièges extracellulaires NETs sont également impliquées dans les cas les plus graves.
Comprendre le processus qui mène à la détresse respiratoire : la recherche décrypte ce processus qui mène les patients atteints d'une infection sévère au COVID-19 au développement d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë, généralement caractérisée par une inflammation des poumons, une sécrétion de mucus dans les voies respiratoires, des lésions pulmonaires étendues et la formation de caillots sanguins. La compréhension de ce processus pathologique est cruciale alors que ce stade avancé de la maladie est extrêmement difficile à gérer : les patients ont souvent besoin d'une ventilation mécanique invasive et ont un risque de décès très élevé.
La sévérité de COVID-19 semble résulter de neutrophiles hyperactifs : les neutrophiles font partie du système immunitaire, ils détectent les bactéries et peuvent expulser leur ADN pour attaquer les bactéries avec leurs NETs. Cependant en cas de détresse respiratoire aiguë, ces mêmes neutrophiles en exacerbant l’inflammation, peuvent endommager les poumons et d'autres organes. Alors qu’il existe de grandes similitudes entre la présentation clinique de la forme sévère de COVID-19 et le syndrome de détresse respiratoire aiguë, les chercheurs désignent ici ces NETs comme des agents majeurs dans la maladie. L’auteur principal, le Pr Betsy Barnes, professeur aux Feinstein Institutes for Medical Research (New York) appelle, au fur et à mesure de la disponibilité d’échantillons tissulaires de patients à vérifier encore si la présence de NETs est bien associée à la sévérité de la maladie.
Des symptômes COVID-19 familiers pour ces experts des NETs : « Nous constatons chez ces patients de graves lésions pulmonaires, ou ce syndrome de détresse respiratoire aiguë observé également dans les cas de grippe sévère. Les voies respiratoires sont souvent obstruées par un mucus épais et contrairement à la plupart des infections pulmonaires graves, ces patients ont tendance à former de petits caillots dans tout leur corps à des taux beaucoup plus élevés que la normale. Ces NETs ont également été trouvés dans le sang de patients atteints de septicémie ou de cancer, où ils facilitent également la formation de ces caillots sanguins » (Voir visuel principal).
Les NETs, une caractéristique commune et spécifiques de COVID-19 ? Le consortium poursuit ses recherches pour vérifier ce lien entre NETs et COVID-19 sévère. Si les résultats confirment que l'excès de NETs est à l’origine de ces cas sévères, une nouvelle voie thérapeutique pourra être envisagée, celle des traitements actuels utilisés dans d'autres maladies liées aux NETs et aux neutrophiles (fibrose kystique, goutte, polyarthrite rhumatoïde).
Ces traitements pourraient en effet atténuer l'activité des NETs chez ces patients COVID-19 et réduire les besoins de ventilation mécanique invasive et de soins intensifs.