COVID-19 : Omicron, infectieux moins longtemps ?
Non, Omicron n’est pas infectieux moins longtemps que les précédents variants. Ces travaux présentés lors du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID) alertent sur l’insuffisance de preuves sur une période d'infectiosité prétendue plus courte de la variante Omicron. Ainsi, si ces virologues de l’University Medical Center Groningen (Pays-Bas) confirment qu’Omicron est moins susceptible de provoquer des formes sévères, l'hospitalisation et le décès, nous devrions mieux tenir compte de sa durée d’infectiosité. C’est ce que suggèrent les dernières données d’études in vitro, utilisant un virus cultivable comme marqueur d’infectiosité- et non de modélisations. Ces données devraient sensibiliser les politiques à mieux prendre en compte ce critère de durée de contagiosité.
Aujourd’hui, précisent les virologues, les décisions prises par les politiques, en particulier sur les durées d'isolement sont basées sur des données de modèles d'infectiosité. S’il est confirmé qu’Omicron semble moins virulent que les variants précédents, sa période d'infectiosité ou de contagiosité n'est pas plus courte « de manière convaincante » que celle des autres variantes.
Omicron infectieux environ 2 jours avant l'apparition des symptômes à 7 jours après
Si l’auteur principal, le Dr Marjolein Irwin-Knoester, virologue à l’Université de Groningen confirme la moindre virulence d’Omicron et reconnait le besoin de revenir à une vie normale, elle n’est « pas convaincue d’une période de contagion plus courte avec Omicron qu’avec les variantes précédentes ». L’auteur alerte sur les périodes d'isolement de plus en plus courtes mises en œuvre (de 4 jours par ex. en Norvège et au Danemark et de 7 jours en France en cas de schéma vaccinal complet) voire sur la suppression de l’isolement avec COVID-19 dans certains pays (comme au Royaume-Uni ou ce n’est plus qu’une recommandation).
Si les symptômes persistent …L’auteur rappelle qu’il est de la responsabilité de chacun de s’isoler néanmoins, et sur une plus longue durée, en cas de persistance des symptômes des voies respiratoires comme la toux et les éternuements. Dans ces cas, l'isolement devrait être prolongé jusqu'à 10 à 14 jours : pour les personnes atteintes d'une maladie grave, le virus actif peut être excrété plus longtemps.
Même avec une vaccination complète : s’’il existe certaines preuves que la vaccination diminue le temps d'excrétion du virus infectieux, ces données « restent contradictoires ». Les chercheurs suggèrent ici que
« l'effet bénéfique de la vaccination sur la réduction de l'infectiosité est faible »,
très probablement en raison d'une inadéquation entre les vaccins actuels et la variante Omicron. Chez les personnes immunodéprimées, en particulier les receveurs de greffe et les patients en hématologie, l'excrétion du virus infectieux peut se poursuivre pendant des mois. Dans la plupart des établissements de santé, un délai d’isolement plus long à partir du début des symptômes est pris en compte pour les personnes immunodéprimées (14-21 jours).
En faveur d’un isolement de 7 jours (sous réserve des exceptions ci-dessus) : cette durée d’isolement apparaît suffisante dans presque tous les cas d'infection.
Enfin, en cas d’émergence d'une nouvelle variante, en particulier plus virulente ou à plus forte capacité d’échappement, ces virologues recommandent de revenir à des périodes d'isolement plus longues.
On l’aura compris, si le temps des confinements semble passé, l’isolement en cas d’infection ne doit pas être pris à la légère.