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COVID-19 : Pourquoi Delta pourrait aggraver la pandémie

Actualité publiée il y a 3 années 1 mois 1 semaine
Cell
Le vrai danger est lorsqu'un variant combine une forte transmissibilité et une capacité d’échappement immunitaire (Schéma Cell).

Cette étude de modélisation d’une équipe de virologues de la Harvard Chan School (Boston) tente de faire la part des choses » entre l’impact d’une plus forte transmissibilité et l’impact de la capacité d’échappement immunitaire d’un variant, sur l’évolution d’une pandémie. En d’autres termes, quel est la part de ces phénotypes viraux sur la sévérité et l’ampleur d’une épidémie et que se passe-t-il si un variant combine ces 2 traits ? Ces travaux, présentés dans la revue Cell, montre que le vrai danger est lorsqu'un variant combine une forte transmissibilité et une capacité d’échappement immunitaire. 

 

Les variantes préoccupantes du SRAS-CoV-2 présentent des degrés variables de transmissibilité et, dans certains cas, échappent à l'immunité acquise. Ici, ces modélisateurs construisent un modèle mathématique qui simule la dynamique de la souche d’origine SARS-CoV-2 et des variantes , et qui prend également en compte le contexte du déploiement du vaccin et des mesures barrières. Ce modèle répond bien à la question posée : les variants à transmissibilité accrue augmentent la gravité de l'épidémie, les variants qui échappent à l’immunité ne parviennent pas à se propager très largement et provoquent principalement des réinfections et des pics épidémiques. « Le vrai danger », expliquent ces virologues en substance, est lorsqu’un variant combine ces 2 phénotypes : alors elle peut poursuivre sa propagation alors même que l'immunité progresse en population, en limitant l'impact de la vaccination.

Les variants les plus dangereux combinent capacité de propagation et échappement immunitaire

Jusqu'à présent, les preuves d’échappement immunitaire constituaient un signal d'alarme, explique Mary Bushman, co-auteur de l'article, chercheur au département d'épidémiologie de la Harvard Chan School : « Notre modèle suggère qu'il s'agit plutôt d'un drapeau jaune, ce n'est pas un gros problème en soi. Mais quand ce trait est combiné à une transmissibilité accrue, cela peut alors poser un très gros problème ».

  • La variante Delta, en particulier, combine ces 2 « qualités » soit une transmissibilité améliorée et une capacité à infecter des personnes qui ont déjà été infectées ou vaccinées. C’est pourquoi, expliquent les auteurs, sans poursuite des mesures de rappel vaccinal et de distanciation,

Delta pourrait entrainer plus d'infections et de réinfections que d’autres variantes,

actuellement en circulation, mais qui ne présentent, au contraire de Delta, qu’1 seul de ces 2 traits.

 

L’histoire de la pandémie confirme la modélisation : au fur et à mesure de son évolution, des variantes du virus SARS-CoV-2 ont émergé, certaines devenant rapidement dominantes et augmentant le nombre d'infections, comme les variantes Alpha et Delta, d'autres, comme Beta, ne parvenant pas à s'installer ou à affecter de manière significative la trajectoire de la pandémie.

 

Le modèle permet de mieux prévoir l’évolution de la pandémie en fonction des variants en circulation et de ces 2 traits qui les caractérisent. Pour chacun des scénarii, les chercheurs ont analysé le nombre total d'infections ainsi que le nombre/pourcentage d'infections évitées grâce à la vaccination. C’est ainsi qu’une variante avec une transmissibilité accrue apparaît probablement plus dangereuse qu'une variante capable d’échapper au système immunitaire.

 

Ces résultats aident à expliquer les trajectoires de la pandémie COVID-19 et peuvent permettre de mieux apprécier son évaluation possible à l'avenir. Ils peuvent donc aider le public à mieux comprendre l’importance de la poursuite de certaines mesures, dont l’élargissement de la vaccination, mais peuvent aussi aider les décideurs à mieux interpréter l'importance des variantes émergentes et à adapter, en fonction de ces 2 phénotypes notamment, les réponses de Santé publique.

 

La vaccination devrait également être très bénéfique dans le cas des variantes de type Delta, car la vaccination et les rappels peuvent empêcher un plus grand nombre de cas et parce que « la nature plus douce » des infections, en dépit du vaccin, peut considérablement réduire la mortalité globale.

 

« Il est vraiment important que le public réalise que l'émergence et la circulation de variantes comme Delta rend essentiels des niveaux élevés de vaccination », conclut l’un des auteurs principaux, le Dr Bill Hanage, professeur agrégé d'épidémiologie : « si nous ne pouvons pas éliminer le virus, nous pouvons garantir que les gens y feront face avec la meilleure protection possible ».