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COVID-19 : Pourquoi l’ivermectine fait toujours débat

Actualité publiée il y a 2 années 3 mois 3 semaines
Nature, Cochrane Library et autres sources
La découverte de failles méthodologiques dans une étude récente suggérant que le médicament réduit considérablement les décès liés au COVID-19 affaiblit aujourd’hui à nouveau les promesses de l'ivermectine et rouvre le débat  (Adobe Stock 450528780)

Tout au long de la pandémie, la capacité de l’ivermectine à prévenir et à traiter la maladie COVID-19 a fait l’objet de nombreuses études. De nombreux pays, notamment d’Amérique du Sud ont utilisé le médicament dans cette indication, sur la base notamment de ses premières preuves d’efficacité in vitro contre la réplication du virus SARS-CoV-2.

Depuis, d’autres données d’efficacité ont été apportées mais l’OMS et l’Agence européenne ont dans le même temps déconseillé son utilisation contre COVID-19. Il devient donc difficile de « s’y retrouver ». La découverte de failles méthodologiques dans une étude récente suggérant que le médicament réduit considérablement les décès liés au COVID-19 affaiblit aujourd’hui à nouveau les promesses de l'ivermectine, rouvre le débat et pose la question de données scientifiques viables en contexte d’urgence, comme pendant une pandémie.

 

L’essai clinique, qui « comptait » car l’un des rares à porter sur un échantillon conséquent (400 participants avec symptômes du COVID), controversé pour manipulation et duplication de données, suggère en effet que l'ivermectine peut réduire les taux de mortalité liés au COVID-19 de plus de 90 %. L’essai a été consulté plus de 150.000 fois, cité plus de 30 fois et inclus dans un certain nombre de méta-analyses. Après son retrait, les données d’efficacité de l'ivermectine contre le COVID-19 chez l'Homme s’en sont trouvées allégées.

 

De plus, dès mars 2021, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déconseillé l’utilisation de l'ivermectine, suivie par l’Agence européenne du médicament (EMA). Enfin, le médicament en vente libre est devenu populaire dans certaines régions du monde, en situation de pénurie de vaccins.

 

Aujourd’hui, certains scientifiques craignent que l’ivermectine soit considérée comme une alternative plus simple (et moins coûteuse) aux vaccins.

Un manque de preuves fiables sur l’efficacité de l’Ivermectine vs COVID-19 :

  • Ainsi, cette méta-analyse de 15 essais, toute récente, publiée dans l’American Journal of Therapeutics conclut chaque fois selon plusieurs méthodes d’analyse, que l'ivermectine réduit de 62% le risque de décès vs absence d'ivermectine avec un niveau de certitude modérée. La même analyse rappelle l’efficacité de la prophylaxie par l'ivermectine à réduire l'infection au COVID-19 de 86 % en moyenne mais l’absence d’avantage pour la probabilité d’avoir à recourir à la ventilation mécanique.

 

  • Cependant, une autre méta-analyse de la très rigoureuse Cochrane Library a retenu 14 études portant sur 1.678 participants portant sur l'ivermectine vs absence de traitement, placebo ou soins standards. Sans conclure définitivement sur l’efficacité ou pas du médicament, les experts qualifient les preuves actuelles de très faible à faible niveau de certitude et concluent « nous ne sommes pas certains de l'efficacité et de l'innocuité de l'ivermectine utilisée pour traiter ou prévenir le COVID‐19 ».

 

L’un des auteurs de la première méta-analyse, le statisticien Andrew Bryant de l'Université de Newcastle, ajoute que dans un contexte de pandémie, personne ne peut réanalyser toutes les données brutes des dossiers des patients lors d'un réexamen. Ensuite, se pose le problème du financement de telles études initiées dans des pays à faibles revenus. Enfin, le recrutement dans ces pays de participants naïfs de traitement est complexe, car une grande partie de la population prend déjà le médicament pour tenter de prévenir le COVID-19.

 

Alors l'ivermectine a-t-elle vraiment fait ses preuves ?  Les « big pharma » pourraient-elles priver le public d'un remède bon marché ? Quoiqu’il en soit, la communauté scientifique reste partagée sur l’efficacité du médicament car les données disponibles, chez l’Homme, ne sont pas de « bonne qualité ».  

 

Des études de plus grande envergure sont en cours, de nouvelles données devraient être publiées d'ici fin 2021. D’ici là, l’automédication dans cette indication reste déconseillée.