COVID-19 : Principales trajectoires de la maladie en EHPAD
Si l’on sait à quel point les EPHADs ou maisons de retraite ont donné lieu à des concentrations de cas et de décès liés à la pandémie COVID-19, on ignore si les trajectoires de la maladie sont spécifiques chez les résidents. Cette étude du Regenstrief Institute (Indianapolis) a analysé ces trajectoires, au-delà des chiffres, pour pouvoir préciser les effets de la pandémie sur ces clusters spécifiques. Les conclusions, présentées dans le Journal of the American Geriatrics Society, quoique peu surprenantes, vont aider les responsables des EHPADs à catégoriser les résidents COVID pour mieux personnaliser leur prise en charge.
L’auteur principal, Kathleen Unroe, chercheur au Regenstrief Institute rappelle qu’aux Etats-Unis, comme en Europe, les maisons de soins infirmiers ont été dévastées par la pandémie de COVID-19, sans néanmoins beaucoup d’informations sur l’évolution quotidienne de l’épidémie chez les résidents de ces établissements. Son étude identifie des modèles de trajectoire de COVID-19 chez les personnes fragiles de ces EHPADs ou maisons de soins infirmiers.
Mieux préparer les EHPADS aux prochaines vagues ou aux prochaines épidémies
Une typologie bien spécifique : « Lorsque l'épidémie de COVID s'est développée, nous n'étions pas armés pour faire face ». Ce groupe de patients présente en effet des problèmes de santé spécifiques et complexes et est à risque très élevé d’infection et de complications. Les symptômes sont également différents : certaines personnes âgées peuvent ne pas avoir de fièvre en réponse à une infection et les personnes atteintes de démence peuvent être incapables de préciser leurs symptômes. Enfin, ce groupe de patients, par définition, vit « en circuit fermé ».
L’analyse méticuleuse des dossiers médicaux électroniques (DME) de 74 résidents, dont 25 sont décédés-dont 23 décès considérés comme liés à l'infection COVID-19 révèle que :
- l'hypertension est la comorbidité la plus courante (81 %),
- avec la démence (51 %),
- le diabète (50 %),
- la maladie mentale non liée à la démence (43 %) ;
- les symptômes les plus courants de la maladie chez les résidents comprennent la fièvre, l'hypoxie (faible taux d'oxygène dans le sang), l'anorexie et la fatigue voire les malaises ;
- aucun résident n'a signalé de maux de tête ;
- la durée des symptômes est également prolongée, en moyenne sur 3 semaines.
4 grandes trajectoires sont identifiées :
- peu ou pas de symptômes (17 résidents)
- survie avec symptômes sévères (32),
- décès après évolution rapide de moins de 7 jours (5),
- décès après longue maladie avec une charge symptomatique importante (20).
Les auteurs retiennent que
« pour de nombreux résidents qui survivent au COVID-19, la durée des symptômes est longue et ardue
la plupart des résidents qui développent le COVID-19 vont survivre mais en garderont des séquelles à vie.
Soit des effets, chez ce groupe particulièrement vulnérable, qui vont bien au-delà des chiffres de mortalité ».