COVID-19 : Quand le système du complément s'emballe
Les patients COVID-19 présentent un large spectre de signes cliniques aigus affectant les poumons, le foie, les reins et l'intestin, des organes dans lesquels le principal récepteur d’entrée du virus SARS-CoV-2, l'enzyme de conversion de l'angiotensine ACE2, est largement exprimé. Cette étude internationale, menée à la Purdue University (Indiana) révèle le système du complément comme l'une des principales voies biologiques induites par l'infection par le SRAS-CoV-2 dans les cellules épithéliales pulmonaires. Ces travaux, publiés dans la revue Science Immunology suggèrent ainsi que bloquer le système du complément, hyperactif dans ces formes sévères de COVID-19, pourrait être une piste thérapeutique prometteuse contre la détresse respiratoire.
Le système du complément consiste en une cascade d'enzymes qui participent à la défense de l'organisme contre l'infection. Or l’infection des cellules épithéliales respiratoires par le SRAS-CoV-2 induit l’activation d’un composant du complément, C3a, la voie « alternative » d’activation du système du complément. Une voie qui pourrait être bloquée par un inhibiteur dans les cellules épithéliales respiratoires.
Par ailleurs, on sait déjà que la suractivation des protéines du complément peut contribuer à des maladies telles que le syndrome de détresse respiratoire aiguë, et des preuves de plus en plus nombreuses suggèrent que des réponses excessives du système du complément sont également corrélées au degré de sévérité de la maladie COVID-19. Cependant, on ne sait toujours pas comment ce système protecteur bascule en système dangereux en cas de COVID-19 sévère.
Cette voie du complément, généralement bénéfique peut basculer en système néfaste
Cette analyse in vitro, de cellules épithéliales pulmonaires de patients COVID-19 révèle justement comment cette voie du complément, qui joue généralement un rôle dans l'immunité innée et adaptative, peut se transformer en un système néfaste en cas de COVID-19 sévère.
Le séquençage d'ARN de tissus sanguins et pulmonaires de patients atteints de COVID-19 comparé au séquençage de tissus sains révèle que chez les patients COVID-19, le système du complément est l'une des voies les plus fortement induites dans les cellules épithéliales pulmonaires infectées par le SRAS-CoV-2, avec une surexpression des gènes qui contrôlent l'expression et l'activation de la protéine du complément C3.
Le blocage de cette activité excessive du complément dans les cellules épithéliales pulmonaires avec une combinaison de chimiothérapie et de médicaments antiviraux existants (ruxolitinib et remdesivir), permet ici, in vitro, de normaliser la production de protéines du complément par des cellules épithéliales pulmonaires infectées. La combinaison de ces 2 médicaments, ruxolitinib et remdesivir apparait donc une stratégie prometteuse pour traiter l'inflammation en cas COVID-19 sévère, écrivent les chercheurs dans leur communiqué. D'autres analyses qui identifient des voies fortement impliquées dans la transcription des gènes du complément dans les cellules épithéliales pulmonaires infectées, confirment le ruxolitinib comme pouvant contribuer à normaliser l'expression de ces gènes du système du complément.
Une avancée dans la compréhension de ces formes sévères de COVID-19 avec de nouvelles pistes concrètes de traitement.