COVID-19 : Quel niveau de risque dans les transports publics ?
Bientôt, nous reprendrons les transports publics pour aller travailler. Nous sommes donc nombreux à nous interroger sur le risque dans les dans les transports en commun, d’infection à SARS-CoV-2, le nouveau coronavirus associé à COVID-19. En effet, si la corrélation entre l'utilisation des transports publics et la propagation des maladies infectieuses a toujours été supposée, elle n'a jamais été prouvée et peu d’études ont porté sur le sujet. Quelques études nous apportent néanmoins des points de repères qui suggèrent une association forte entre usage des transports publics et risque d’infection et engagent au respect des mesures de prévention (lavage des mains, masque et distanciation).
De précédentes études ont souligné l'importance d'analyser les contacts sociaux et les schémas de contact (traçage) pour freiner la transmission des maladies infectieuses, et en particulier celles transmises par les voies respiratoires. Il est aujourd’hui admis –bien que ce soit avec un certain retard- que l’infection COVID-19 se transmet principalement par gouttelettes, par contact avec une surface contaminée mais aussi par diffusion aérosolisée et aéroportée. Les transports en communs qui sont des espaces confinés et encombrés, constituent des environnements a priori à risque de contamination par exposition et par contact, soit via d’autres utilisateurs, soit via des surfaces contaminées. Cependant, déterminer le taux de risque directement associé à l'utilisation des transports en commun est complexe car les utilisateurs et les non-utilisateurs « se mélangent » ensuite dans d'autres environnements (bureaux, foyers, …). Il est donc très difficile de déterminer précisément le site et le risque de transmission.
Une forte corrélation entre l'utilisation des transports publics et la transmission des maladies infectieuses
Une très large analyse (1) de la littérature a fait le point sur le risque infectieux, en particulier par voie aéroportée, associé à l’utilisation de l’ensemble des moyens de transport (terre, air, mer). L’analyse confirme l’existence de cas dûment documentés de transmission d'infections aéroportées dans les transports publics. Les chercheurs invoquent également parmi les facteurs, une mauvaise ventilation (Visuel 2) et la proximité de cas index : surpeuplement des moyens de transport. Les références sont nombreuses et le phénomène de contamination dans les transports publics, s'il est peu étudié, n’est pas contestable.
Un risque d'infection respiratoire multiplié par 6 ?
Une étude qui fait référence (2), s'est concentrée sur la relation entre l'utilisation des transports publics et l'acquisition d'une infection respiratoire aiguë (IRA). Cette étude estime que :
le risque de consulter un médecin pour IRA est 6 fois plus élevé chez une personne qui a pris un bus ou un tram dans les 5 jours précédant l’apparition des symptômes ;
ce risque augmente avec la régularité de l'utilisation des transports publics.
Une autre étude (3) confirme « une évidence », à partir des données des cartes d’abonnement à puce, soit un nombre démultiplié de contacts dans les bus publics. L’étude montre également que la régularité des habitudes d’utilisation, favorisent les rencontres répétées avec les mêmes usagers et contribue ainsi à renforcer des contacts sociaux plus étroits avec ces « familiar strangers ». Des contacts qui pourraient également favoriser le risque de transmission.
La proximité d'une station de métro rime avec un taux plus élevé d'infection
Une étude (4) menée sur l'association entre l’utilisation des transports en commun à Londres et la propagation de la grippe confirme le lien entre les transports publics et la transmission des maladies infectieuses. Cette analyse basée sur les données de syndromes grippaux collectées par le Public Health England à Londres démontre :
- que les zones qui ont le plus grand nombre de cas d’infection sont aussi celles dont les habitants passent plus de temps dans le métro, ont le plus de changements de lignes, et entrent en contact avec plus d'individus ;
- la corrélation entre utilisation des transports publics, nombre de contacts et taux d’infection ;
- la corrélation entre la desserte d’un quartier par une station de métro et les taux d'incidence de la grippe dans le dit quartier : ce taux moyen (pour la grippe et dans cette étude) est 7,61 pour les quartiers non desservis par une station, et de 10,24 dans les arrondissements avec station de métro ;
- la corrélation entre le taux d’infections et d’autres facteurs de risque de contamination bien connus, dont la densité de population, les niveaux moyens de revenus des habitants du quartier et la population âgée de 65 ans et plus. Une la faible corrélation est également confirmée avec la population plus jeune, âgée de moins de 15 ans.
- Enfin, le nombre de contacts imposés par l’usage des transports publics pèse plus dans le risque d’infection que la densité de population du lieu de résidence.
Les effets sanitaires de l’utilisation des transports publics ne doivent pas être analysés sous le seul angle COVID-19. Il est clair (4) que les transports en commun, comme le vélo, permettent de faire un peu d’exercice, de limiter la pollution et de réduire le nombre d’accidents. Une étude (5) a ainsi estimé qu’une réduction de 40% de l’utilisation de la voiture de longue au profit d’une utilisation plus régulière des transports en commun ou du vélo permettait de réduire l’incidence du diabète, de la démence, de certains cancers et des accidents. Cette utilisation des transports en commun a également permis – ici dans la ville de Barcelone-, avec la diminution de la pollution, une réduction des infections des voies respiratoires (inférieures) ! L'utilisation des transports public est donc également source de multiples bénéfices en Santé publique.
La plupart des équipes de recherche encouragent au développement d'interventions non pharmacologiques -comme le port de masque et la distanciation si possible- en prévention de ce risque d’infection.