COVID-19 : Quels anticorps thérapeutiques contre Omicron BA.1 et BA.2 ?
Quels anticorps monoclonaux restent efficaces à neutraliser les sous-variants d’Omicron, BA.1 et BA.2 ? La question est posée par une équipe de scientifiques français, de l’Institut Pasteur, et d’autres instituts de recherche français et belges. La question se pose alors que la sous-lignée SARS-CoV-2 Omicron BA.1 est aujourd’hui remplacée, dans de nombreux pays, par le sous-variant BA.2. Cette analyse in vitro, présentée dans la revue nature Medicine, et qui confirme une moindre efficacité des anticorps thérapeutiques existants contre les sous-variants d’Omicron, incite à relancer de nouvelles études cliniques sur de nouveaux traitements pour les nouveaux variants.
La sous-lignée Omicron BA.2 est devenue dominante dans de nombreux pays, dont la France, il est donc important d’évaluer la sensibilité des sous-variants Omicron BA.1 et BA.2 aux anticorps monoclonaux thérapeutiques aujourd’hui disponibles et validés dans le traitement du COVID-19. D’autant que si Omicron induit des formes moins sévères en population générale, les personnes immunodéprimées restent toujours plus à risque de développer des formes sévères de COVID-19. Plusieurs anticorps monoclonaux sont actuellement disponibles en pratique clinique comme traitement préventif pour ces patients.
L’étude, in vitro, menée dans un système de culture cellulaire a consisté à isoler une souche infectieuse BA.2 en collaboration avec la KU Leuven, puis à évaluer la sensibilité in vitro de la souche à 9 anticorps thérapeutiques- en comparaison de la sensibilité des variantes Delta et Omicron BA.1.
Les chercheurs ont examiné ensuite les implications cliniques possibles de leurs observations en mesurant l'activité neutralisante des anticorps dans les sérums de 29 participants, traités par un cocktail de 2 anticorps Ronapreve®, développé par Roche/Regeneron, et/ou une autre combinaison de 2 anticorps, Evusheld®, développé par le laboratoire AstraZeneca. Ces analyses révèlent que :
- les anticorps et les sérums correspondants sont inactifs ou seulement faiblement actifs contre BA.1, mais plus actifs contre BA.2 ;
- par rapport à la variante Delta, les titres neutralisants sont plus nettement diminués contre BA.1 (344 fois) que contre BA.2 (9 fois) ;
- il existe une perte d'activité neutralisante contre BA.1 et BA.2 chez les personnes traitées avec les cocktails d'anticorps (Ronapreve® ou Evusheld®).
Ainsi, la sensibilité thérapeutique varie en fonction de la sous-lignée Omicron.
4 infections à Omicron ont d’ailleurs été signalées parmi les 29 patients traités par anticorps (dont un cas sévère), ce qui confirme que le traitement ne protège pas toujours complètement contre l'infection ou contre les formes sévères et que les traitements existants sont globalement moins cliniquement efficaces contre l'infection à Omicron que contre Delta.
Des conclusions d’ailleurs en ligne avec de précédentes études.