COVID-19 : Renforcer les gènes protecteurs avec des médicaments existants
Si quelques équipes ont déjà travaillé sur les gènes de susceptibilité à SARS-CoV-2 en particulier dans le cadre du projet GEN-COVID, cette nouvelle recherche, menée cette fois dans le cadre du programme GenOMICC, priorise les gènes actifs pour et surtout contre la maladie. Ces scientifiques de l'Institut Roslin de l'Université d'Édimbourg suggèrent même avec ces travaux, publiés dans la revue Nature, que ces gènes pourraient être la clé ou les cibles de « nouveaux » repositionnement anti-COVID-19.
5 gènes précisément sont ici identifiés comme associés à la maladie. Cette découverte suggère que les médicaments existants qui ciblent les actions de ces 5 gènes pourraient être de bons candidats à un repositionnement dans le traitement de COVID-19. L’identification de médicaments candidats devrait être suivie d’essais cliniques venant confirmer leur efficacité dans cette indication, précise l’auteur principal, le Dr Kenneth Baillie, consultant universitaire en médecine des soins intensifs et chercheur à l'Institut Roslin.
Comprendre comment COVID-19 endommage les organes au niveau moléculaire.
2 processus moléculaires clés : les gènes découverts sont en effet principalement impliqués dans deux processus moléculaires, l'immunité antivirale et l'inflammation pulmonaire. C’est l’analyse de l'ADN de pas moins de 2.700 patients COVID-19, suivis dans 208 unités de soins intensifs (USI) au Royaume-Uni qui a permis d’identifier ces 5 gènes au rôle majeur.
Une grosse infrastructure de recherche : le consortium GenOMICC, une collaboration mondiale pour étudier la génétique dans les maladies critiques, a permis la comparaison des données génétiques de ces patients COVID-19 soignés en soins intensifs avec celles de volontaires sains provenant d'autres études. GenOMICC (pour Genetics of Susceptibility and Mortality in Critical Care) est un programme débuté en 2015 visant à mieux comprendre les facteurs génétiques qui peuvent influencer les résultats en soins intensifs de maladies telles que le SRAS, la grippe et la septicémie. Cependant, durant l’année 2020, le consortium s'est concentré sur la recherche portant sur COVID-19.
5 gènes clés, IFNAR2, TYK2, OAS1, DPP9 et CCR2, expliquent en partie pourquoi certains patients développent des formes très sévères de COVID-19 alors que d'autres ne sont pas ou peu affectés. Après avoir mis en évidence ces gènes, l'équipe a ensuite pu prédire l'effet de certains traitements médicamenteux sur les patients, qui ciblent justement ces gènes.
Par exemple, l’étude montre que :
- une réduction de l'activité du gène TYK2 protège contre COVID-19. Or une classe de médicaments anti-inflammatoires appelés inhibiteurs de JAK, qui comprend le médicament baricitinib, produit cet effet ;
- une augmentation de l'activité du gène INFAR2 est également susceptible d’être protectrice, car l’activité de INFAR2 mime l'effet du traitement par l'interféron - des protéines libérées par les cellules du système immunitaire pour se défendre contre les virus…
Ainsi, les scientifiques prévoient déjà des essais cliniques portant sur les médicaments ciblant ces voies moléculaires, antivirales et/ou anti-inflammatoires à la fois.
« C'est une illustration des promesses de la génétique humaine pour comprendre les maladies graves. Dans la maladie COVID-19, certains dommages aux poumons sont bien causés par notre propre système immunitaire, plutôt que par le virus lui-même. Ces découvertes génétiques ouvrent une toute nouvelle feuille de route qui désigne des cibles médicamenteuses clés ».