COVID -19 : Un excès de mortalité de 20% oui mais
Oui mais ce nombre total de décès enregistrés pendant la période pandémique de mars à juillet 2020 dépasse de loin ceux directement liés au COVID-19, conclut cette étude épidémiologique menée à la Virginia Commonwealth University qui a estimé le nombre de décès hebdomadaires excédentaires pour les 10 États des États-Unis ayant le plus grand nombre de décès. Au-delà de ces données qui permettent d’évaluer l’efficacité des mesures prises par chaque État à un stade spécifique de l’épidémie, l’analyse, présentée dans le JAMA, révèle que pour 2 décès excédentaires attribués au COVID-19, un troisième décès est une conséquence indirecte de la pandémie.
« Déconfiner » au bon moment est le premier enseignement de l'étude qui suggère que les politiques de déconfinement dès début avril dans certains États sont peut-être responsables des pics constatés en juin et juillet dans ces mêmes états : « Un signal d'alarme qui doit nous inciter à ne pas répéter cette erreur à l'avenir ». Ici, si les auteurs ne peuvent prouver la relation de cause à effet entre les déconfinements précoces et ces « poussées épidémiques estivales ». Mais cela semble tout à fait probable et la plupart des modèles sont en faveur de mesures plus affirmées, écrivent les chercheurs.
2 décès sur 3 excédentaires sont directement liés au COVID-19
Ainsi sur les 20% de décès enregistrés en excès entre le 1er mars et le 1er août, 67% sont directement liés à la maladie COVID-19. Ainsi, confirme aussi l’auteur principal, le Dr Steven Woolf, directeur du VCU's Center on Society and Health : « les taux de décès en excès que certains prétendent exagérés sont bien une réalité ».
Le nombre de décès excédentaire n’est pas sujet à trop d’erreur alors que le nombre total de décès aux États-Unis est remarquablement constant d'une année à l'autre, comme le montrent les données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour les années 2014 à 2019. Les données enregistrées montrent à partir de 2019, un écart entre les décès COVID-19 déclarés et tous les décès en excédent, et cet écart a plusieurs explications possibles :
- des retards dans la déclaration des décès COVID-19,
- des erreurs de diagnostic ou d’affectation (codage) des décès,
- et enfin et surtout, les autres causes indirectement liées à la pandémie.
« Certaines personnes qui n'ont jamais été infectées sont décédées à cause des dysfonctionnements causés par la pandémie ». Ainsi de nombreuses urgences aiguës, suites de maladies chroniques comme le diabète ou troubles émotionnels ayant conduit à des overdoses ou des suicides n’ont pas pu être normalement pris en charge. L’analyse montre notamment :
- une augmentation significative des décès liés à la démence et aux maladies cardiaques : les décès liés à la maladie d'Alzheimer et à la démence ont ainsi fortement augmenté non seulement en mars et en avril, au début de la pandémie mais à nouveau en juin et en juillet au début de la seconde vague de COVID-19.
Les données et analyses à plus long terme pourraient révéler un impact plus large de la pandémie sur les taux de mortalité. Les patients cancéreux dont la chimiothérapie a été interrompue, les femmes dont la mammographie a été retardée - les décès évitables et précoces pourraient augmenter dans les années à venir...
Les décès ne sont qu’une mesure possible de la santé
Comme récemment leurs collègues de l'Université de Floride du Sud (USF), les chercheurs de Virginie soulignent que le nombre d’années de vie en bonne santé perdues, en raison de la pandémie est une mesure probablement plus légitime des conséquences sanitaires de COVID-19. Car de nombreuses personnes qui survivent à la pandémie, faute de traitement à temps, vont vivre avec des complications à vie. C’est notamment le cas de victimes d’AVC non prises en charge, de patients diabétiques ayant développé des complications durant le confinement, ou encore des personnes souffrant de détresse émotionnelle ou de syndrome de stress post-traumatique….
« Ce n'est donc pas une pandémie impliquant un virus unique »,
indiquent les chercheurs, mais une crise de santé publique avec des effets systémiques et durables, dont l’équipe va poursuivre la surveillance à long terme.