COVID-19 : Un nutraceutique pour freiner sa transmission ?
Cette équipe de l’University of Central Florida développe une approche originale pour lutter contre la transmission du virus SARS-CoV-2 responsable du COVID-19 : épaissir la salive par des composés alimentaires naturels de manière à limiter la production de gouttelettes et d’aérosols et donc la transmission des agents pathogènes en suspension dans l'air. On retiendra, avec cette étude originale publiée dans les Scientific Reports, que le chocolat, envisagé pour « véhiculer » ces composés, pourrait être la base d’un tout nouveau chocaceutique anti-COVID-19.
Il y a les masques faciaux et la distanciation, deux mesures dont l’efficacité est aujourd’hui bien démontrée pour se protéger et protéger les autres des agents pathogènes en suspension dans l'air. Mais les chercheurs Michael Kinzel et Kareem Ahmed, des experts en génie mécanique, travaillent sur un nouvel outil possible, une combinaison de produits alimentaires ou un nutraceutique qui altère la salive, de manière à l’épaissir et même peut-être la réduire ?
C'est la première recherche qui se concentre « sur ce qui sort de la cavité buccale ou de la bouche ».
L’étude s'appuie sur de précédentes recherches de la même équipe portant sur la formation des gouttelettes, l'efficacité des masques et sur les spécificités des supercontaminateurs. L’équipe a fait l’hypothèse que certains ingrédients alimentaires permettraient de contrôler la transmission des maladies aéroportées. « Notre réflexion se concentre aujourd’hui sur la modification des gouttelettes de manière à ce qu'elles tombent rapidement au sol et ne voyagent pas si loin dans les airs ».
Les chercheurs sont donc partis des caractéristiques de la salive, telles que l'épaisseur, la quantité, et l’influence de ces caractéristiques sur la distance parcourue par les gouttelettes et les aérosols, un facteur clé de la transmission d'agents pathogènes en suspension dans l'air. Des caméras à grande vitesse ont permis de capturer les aérosols liés aux éternuements image par image et de dénombrer les gouttelettes. Des méthodes numériques utilisant la dynamique des fluides ont enfin permis une quantification précise des aérosols.
Ensuite, les chercheurs ont fait des tests de modification de la salive avec toute une gamme de composés alimentaires, notamment de la fécule de maïs, de l'agar-agar (gélifiant), de la gomme xanthane (additif alimentaire aux propriétés épaississantes et gélifiantes) et du gingembre. Les expériences révèlent que :
- le gingembre réduit de plus de 80 % la quantité de salive expulsée d'un éternuement et est aussi efficace qu'un masque ;
- la fécule de maïs et la gomme xanthane augmentent l'épaisseur de la salive de 5 et 2.000 %, respectivement mais s’avèrent un peu moins protecteurs que le port du masque ;
Si la recherche doit être poursuivie, elle suggère déjà que certains composés alimentaires peuvent permettre de réduire les aérosols de salive et que certains produits alimentaires pourraient ainsi être adaptés pour finalement réduire la transmission des virus aéroportés. Un mode de protection plutôt intrafamilial qui pourrait être combiné au port du masque.
Le chocolat pourrait être utilisé pour véhiculer ce composé qui épaissit la salive, suggèrent les chercheurs dans leur communiqué, avec pour objectif le développement d’un véritable « chocaceutique ».