COVID-19 : Une distanciation allégée c'est un rebond imparable de la grippe ?
C’est à nouveau un rebond de certaines infections virales et respiratoires, et notamment de la grippe, qui est modélisé par cette étude d’une équipe de la Columbia University Mailman School of Public Health, après l’allègement des mesures barrières mise en œuvre contre la pandémie COVID-19. Une résurgence des infections virales déjà suggérée comme inévitable par de nombreuses équipes, la dernière étude en date démontrant, dans le même sens, que ces mesures nous ont également considérablement protégés contre d’autres virus. Ces nouvelles données, publiées dans le Journal of Infectious Diseases prédisent ainsi une épidémie de grippe à grande échelle cette année, suivie d'une aggravation des épidémies de grippe saisonnière pendant plusieurs années.
Cette prédiction vaut pour les États-Unis, mais pourrait sans doute valoir pour d'autres pays. Les chercheurs rappellent que les mesures barrière ont jusque-là permis une réduction de l'incidence de la grippe de 60 % mais conduit également à une plus grande sensibilité à la grippe, en population générale, alors que les expositions et donc l’immunité contre le virus s’en sont trouvées diminuées. L'utilisation de mesures de santé publique comme le port du masque et la distanciation sociale a considérablement diminué depuis la précédente saison grippale (2020/2021).
Dans quelle mesure la grippe pourrait-elle marquer une résurgence cet hiver ?
La réponse des chercheurs est simple :
« Tout dépend de nos comportements ».
« À court terme, les mesures barrières contre le COVID-19 continueront probablement de réduire toujours partiellement le nombre d'infections grippales, mais une fois ces mesures assouplies, une plus grande sensibilité immunitaire à la grippe à l'échelle de la population pourrait conduire à une épidémie importante », résume l’auteur principal, le Dr Sen Pei, professeur de sciences de la santé environnementale.
Une grande épidémie cet hiver suivie par des années de saisons grippales sévères : l’équipe a développé un modèle informatique de la grippe A/H1 et B, qui circulait au début de l’année 2020, pour quantifier la réduction de l'incidence et de la transmission après la mise en œuvre des mesures barrières. Selon ces projections, au fur et à mesure que les mesures de santé publique seront assouplies, une épidémie de grippe à grande échelle pourrait se propager. Au cours des saisons suivantes, les épidémies pourraient également être plus importantes, avant de revenir progressivement aux niveaux d'avant la pandémie.
À quel point l'épidémie de grippe pourrait-elle être grave, cette année ?
Elle pourrait être « vraiment mauvaise » : car plus les mesures barrières seront restées en place longtemps, et plus le nombre de personnes susceptibles d'être infectées par la grippe sera élevé, et plus l’épidémie pourrait être sévère. L’immunité naturelle pourrait être réduite. De plus, la pandémie pourrait rendre difficile la prévision des futures souches en circulation pour informer la production de vaccins antigrippaux…
« Ou peut-être pas ! » : la réduction de l’incidence des autres infections virales pendant la pandémie pourrait avoir été surestimée, en raison de la réticence à rechercher des soins médicaux durant la crise. Ensuite la diminution de l'immunité en population générale est un mécanisme complexe à prévoir (fuite antigénique du virus grippal, baisse des expositions et de l’immunité naturelle,…).
Ainsi, l’étude montre que selon les Etats considérés aux Etats-Unis, les baisses d’incidence de la grippe ont été extrêmement variables, quelques Etats connaissant même, durant la pandémie de légères augmentations d’incidence de la grippe.
Quelles implications? Ces données confirment la nécessité de conserver les réflexes d’hygiène -dont le lavage des mains- et l’intérêt du port du masque, en intérieur et dans certaines situations à risque mais rappellent aussi que la vaccination, compris antigrippe, reste la meilleure des protections. « Cette année, il est plus important que jamais de se faire vacciner contre la grippe », écrivent ainsi les auteurs. « Bien que nous nous concentrions toujours et à juste titre sur la protection contre le COVID-19, nous ne devons pas oublier la grippe, qui peut être aussi, une infection mortelle. »