COVID-19 : Une forte immunité, un bon augure pour le futur vaccin !
Cette analyse détaillée de la réponse immunitaire au SRAS-CoV-2 « est de bon augure pour le vaccin anti-COVID-19 », écrivent ces chercheurs du La Jolla Institute (Californie). Leur étude révèle une forte réponse antivirale T contre COVID-19 chez des patients remis d'une forme modérée et détecte une réactivité croisée substantielle chez les individus non exposés. Une bonne nouvelle documentée dans la revue Cell qui devrait dissiper les incertitudes sur notre capacité à nous forger une immunité.
L’équipe du Pr Alba Grifoni (visuel) a analysé la réponse des lymphocytes T dans des échantillons de sang prélevés sur des patients « s’étant remis » de COVID-19. Cette analyse contribue à répondre à l’incertitude concernant la capacité du système immunitaire à développer une réponse substantielle et durable au SRAS-CoV-2. Alors que les scientifiques du monde entier travaillent à mettre au point un vaccin contre l'infection à SARS-CoV-2, cette étude apporte de premières données d'immunologie cellulaire qui vont contribuer également, à adapter les stratégies de distanciation sociale.
L'exposition aux coronavirus en circulation fournit-elle une sorte d'immunité protectrice ?
Ces travaux documentent en effet une réponse immunitaire antivirale robuste au SRAS-CoV-2 chez un groupe de 20 adultes ayant récupéré de COVID-19. Les résultats montrent que le système immunitaire de l'organisme est capable de reconnaître le SRAS-CoV-2 de nombreuses façons, et donc il est peu probable que le virus puisse échapper aux efforts en cours pour développer un vaccin efficace.
« Si nous n'avions vu que des réponses immunitaires marginales, nous aurions été inquiets mais ce que nous observons est
une réponse très robuste des lymphocytes T contre le pic protéine S,
qui est la cible de la plupart des candidats en cours de développement, ainsi que contre d'autres protéines virales. Ces résultats sont vraiment de bonnes nouvelles pour le développement d’un vaccin ».
Les scientifiques ont regardé in vitro si les cellules T isolées d'adultes rétablis du COVID-19 sans problèmes majeurs, reconnaissaient bien les fragments de protéines ou peptides du virus. Les scientifiques ont regroupé les peptides en 2 grands groupes :
- les peptides couvrant toutes les protéines du génome viral à l'exception de la protéine "spike" de SARS-CoV-2 ;
- la protéine de pointe qui « ponctue » la surface du virus- car presque tous les vaccins en cours de développement ciblent actuellement cette protéine de pointe du coronavirus.
Apprécier une réponse immunitaire normale : enfin, les chercheurs ont fait le choix d'étudier la réponse immunitaire à COVID-19 chez des personnes ayant développé une forme modérée de la maladie, sans besoin d'hospitalisation ou de réanimation. L’idée était d’apprécier une réponse immunitaire normale, et avoir une référence solide pour le plus grand nombre.
SARS-CoV-2 induit bien une réponse antivirale typique et réussie : la recherche confirme une réponse solide des lymphocytes T CD4 -qui contribuent à la production d'anticorps chez tous les participants. Presque tous les patients ont produit des lymphocytes T cytotoxiques (TCD8 ou T killer) ou « cellules tueuses», qui éliminent les cellules infectées par le virus.
Une réponse immunitaire de référence : si la réponse immunitaire au SRAS-CoV-2 peut être néfaste pour l’organisme, ces premiers résultats contribuent à la définir, à l’évaluer et fournissent une base de référence à partir de laquelle les réponses immunitaires de différents patients peuvent être comparées :
- « Nous avons désormais une base de départ solide pour regarder s’il existe des différences fondamentales de types de réponses immunitaires chez les personnes qui ont développé des formes sévères de la maladie ;
- nous avons également une base de référence pour vérifier que la réponse immunitaire liée à un vaccin expérimental ressemble bien à une réponse immunitaire protectrice au COVID-19 ».
Une réactivité croisée ? L’équipe a également examiné la réponse des lymphocytes T dans des échantillons de sang qui avaient été prélevés entre 2015 et 2018, avant que le SRAS-CoV-2 ne commence à circuler. Beaucoup de ces échantillons présentent une réactivité significative des lymphocytes T contre le SRAS-CoV-2, bien qu'ils n'aient jamais été exposés au SARS-CoV-2. L’exposition aux autres coronavirus courants pourrait expliquer la réactivité croisée observée. Cependant, cette réactivité croisée observée apporte-t-elle un niveau d'immunité suffisant contre SRAS-CoV-2 ?
Etant donnée la sévérité de la pandémie de COVID-19, tout degré d'immunité contre les coronavirus est bon à prendre, relèvent les chercheurs. « Tout le monde est inquiet de l’absence possible d’immunité après exposition au virus, savoir qu’une personne ayant développé une forme modérée de COVID-19 présente une réponse immunitaire solide devrait dissiper ces inquiétudes ».