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COVID : Ces champignons intestinaux qui favorisent le Covid long

Actualité publiée il y a 1 année 4 semaines 1 jour
Nature Immunology
Certains champignons intestinaux se développent dans les cas les plus sévères et amplifient l'inflammation excessive tout en entraînant des changements durables dans le système immunitaire.(Visuel Adobe stock 85264757)

Cette recherche, menée à la Weill Cornell Medicine et au NewYork-Presbyterian Institute (New York) révèle tout l’impact, durable, de certains champignons intestinaux sur la réaction immunitaire excessive, liée au COVID-19. Ces travaux, publiés dans la revue Nature Immunology, décrivent en effet comment certains champignons intestinaux se développent dans les cas les plus sévères et amplifient l'inflammation excessive tout en entraînant des changements durables dans le système immunitaire.

 

La recherche révèle une nouvelle dimension, jusque-là inconnue de la pathologie complexe COVID-19, résume l'auteur principal, le Dr Iliyan Iliev, professeur agrégé d'immunologie et chercheur spécialisé sur les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) au Weill Cornell Medicine. L’analyse d’échantillons de patients et issus de modèles précliniques et observe en effet que la croissance de champignons dans le tractus intestinal, en particulier de souches Candida albicans, déclenche une recrudescence de cellules immunitaires dont les actions peuvent exacerber les lésions pulmonaires. Il devient plus clair que dans le cas du COVID-19 comme dans celui des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), la propre réponse immunitaire inflammatoire de l’organisme peut-être terriblement nocive.

 

« On ignorait jusque-là que les cas graves et prolongés de COVID-19 impliquaient des proliférations fongiques dans les intestins qui, en plus du virus, pouvaient avoir un impact sur l’immunité du patient ».

Comment les champignons intestinaux nuisent aussi aux poumons

L’étude se concentre ainsi sur cette réponse immunitaire aberrante, via le suivi et l’analyse des données de 3 grandes cohortes cliniques de patients atteints de COVID-19 et d’autres études sur la souris modèle. L’équipe newyorkaise avait fait le lien entre ces champignons intestinaux et la réponse immunitaire excessive dans le COVID sévère, à l’occasion d’une première analyse d’échantillons de sang de patients diagnostiqués avec un COVID-19 sévère et qui avait révélé la présence d’anticorps conçus pour attaquer ces champignons communs de l’intestin. Les chercheurs ont ensuite découvert que des levures, et d’une espèce en particulier, Candida albicans, augmentaient dans les intestins des patients au cours des formes graves de COVID-19.

 

  • En examinant le système immunitaire de ces patients, les chercheurs ont constaté une augmentation du nombre de cellules immunitaires appelées neutrophiles. Dans les cas graves de COVID-19, un nombre excessif de neutrophiles apparaissent dans les poumons, où leur activité aggrave la réponse inflammatoire qui endommage déjà ces organes ;
  • sur les modèles précliniques, les chercheurs ont découvert que les souris portant des champignons provenant de patients atteints d'une forme grave de COVID-19 produisaient plus de neutrophiles dans leur sang et leurs poumons, et présentaient des signes d'inflammation accrue ;
  • un médicament antifongique permet de réduire ces effets.

​Le système immunitaire se souvient

  • À partir des échantillons de sang des patients, les chercheurs identifient des preuves de changements persistants dans le système immunitaire liés au COVID-19 long ;
  • les patients présentant ces champignons intestinaux conservent une réponse immunitaire et une mémoire immunitaire accrues contre ces mêmes champignons jusqu'à un an après la résolution de l'infection par le SRAS-CoV-2 ;
  • l’analyse des cellules souches qui donnent naissance aux neutrophiles révèle également que ces cellules progénitrices sont prêtes à réagir aux champignons. La protéine immunitaire IL-6, induite par ces champignons, semble renforcer à la fois les neutrophiles et les anticorps ;
  • le blocage de l'IL-6 chez les patients ou les souris modèles permet d’atténuer cette mémoire immunologique et induit une diminution de la présence de neutrophiles et d'anticorps.

 

Si ces résultats n’auront pas d’implications immédiates dans le traitement du COVID-19 grave ou prolongé, ils suggèrent de nouvelles opportunités thérapeutiques, dont utiliser les anticorps antifongiques comme marqueur des patients susceptibles de bénéficier d’un traitement ciblant les champignons ou les changements immunologiques associés. De même, la présence d’anticorps pourrait indiquer un risque plus élevé de COVID long.

 

A ce stade, ce qui semble certain, c’est la contribution de ces champignons intestinaux au dérèglement de la réponse immunitaire associée à l’infection COVID.


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