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COVID et FAMILLE NOMBREUSE ? Le cœur n’y est plus après la crise

Actualité publiée il y a 3 années 1 mois 3 semaines
JAMA Network Open
De nombreux couples, de nombreuses mères ont retardé ou abandonné leurs projets d'enfants en raison de la pandémie de COVID-19 (Visuel Adobe Stock 413926380)

De nombreux couples, de nombreuses mères ont retardé ou abandonné leurs projets d'enfants supplémentaires en raison de la pandémie de COVID-19, conclut cette large étude de sociologues de la NYU Langone Health, menée au niveau de la ville de New York. La première photographie d’un tournant social, proposée dans le JAMA Network Open, un autre exemple des conséquences à long terme de la pandémie, au-delà de ses effets sanitaires et économiques plus évidents.

 

Ainsi, près de la moitié des mères de la ville de New York qui tentaient de concevoir avant le début de la pandémie ont remis à plus tard ou abandonné ce projet au cours des premiers mois de l'épidémie, selon cette enquête menée auprès de 1.179 mères à New York, ayant déjà au moins un enfant de moins de 3 ans.

Une femme sur 3 qui désiraient une nouvelle grossesse avant, ne l’envisage plus depuis

L'enquête, a collecté des données à partir de la mi-avril 2020, en demandant aux mères participantes de se souvenir de leur projet de grossesse et de famille tels qu’elles les concevaient avant la pandémie. Les participantes ont également été interrogées sur leurs projets actuels. L’analyse révèle que :

 

  • près de la moitié des mères de la ville de New York qui tentaient de concevoir avant le début de la pandémie ont remis à plus tard ou abandonné ce projet ;
  • moins de la moitié de ces mères ayant repoussé le projet se sont déclarées certaines de reprendre ce projet de conception ultérieurement, une fois la pandémie terminée ;
  • cela suggère qu’au moins une femme sur 4 pourrait avoir totalement abandonné ce projet d’enfant ;
  • les participantes présentant des niveaux de stress plus élevés et une plus grande insécurité financière sont les plus susceptibles de reporter ou de mettre fin à leur projet d’enfant.

 

L'auteur principal, l’épidémiologiste Linda Kahn, commente ce résultat relativement peu surprenant : « C'est un autre exemple des conséquences possibles à long terme de la pandémie ». Cet effet va s’ajouter à la tendance croissante observée chez de nombreuses femmes, qui consiste à retarder l’âge des grossesses. Un souhait de grossesse plus tardive qui se heurte dans de nombreux cas à la baisse de la fécondité avec l’âge : la grossesse devient plus risquée et plus difficile à réaliser au fur et à mesure que les femmes vieillissent, de sorte que les retards induits par la pandémie vont accroître encore les risques pour la santé de la mère et de l'enfant, ainsi que la nécessité de traitements de fertilité coûteux.

Au-delà de l’incertitude de l’avenir, autant économique et financière que sanitaire, s’ajoute de nouveaux défis liés à la garde des enfants ou à la gestion d’une famille nombreuse : s'occuper d'un nouveau-né ou d’un jeune enfant pendant un pic épidémique et/ou durant un confinement contribue aussi à l’hésitation d’avoir un autre enfant.

 

La baisse du taux de natalité se fait déjà sentir aux États-Unis et plus fortement depuis la pandémie, précisent les chercheurs. Environ 300.000 naissances en moins sont recensées en 2020 par rapport aux prévisions des experts basées sur les tendances annuelles de fécondité. La baisse apparait particulièrement nette au cours des deux derniers mois de l'année, ce qui correspond à moins de conceptions au tout début de l'épidémie en mars.

 

Ces résultats soulignent un effet probable de la pandémie sur les taux de fécondité.

Au-delà, à travers ce report ou cet abandon fréquent de projet d’enfant, l’étude sensibilise à l’urgence, avec la pandémie, de mettre en œuvre des interventions de soutien financier pour les familles les plus démunies.


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