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COVID et HÔPITAL : Quel rôle du statut vaccinal dans le triage médical ?

Actualité publiée il y a 3 années 3 semaines 2 jours
Annals of the American Thoracic Society
Le sujet est éthique et sensible. Les hôpitaux ont l'obligation éthique de soigner les patients COVID-19 sévères non vaccinés et doivent respecter des priorités de prise en charge des patients quel que soit leur statut vaccinal (Visuel ATS)

Le sujet est éthique et sensible. Les hôpitaux ont l'obligation éthique de soigner les patients COVID-19 sévères non vaccinés et doivent respecter des priorités de prise en charge des patients quel que soit leur statut vaccinal, souligne cet article d'opinion publié dans les Annals of the American Thoracic Society. L’auteur effectue ici un examen exhaustif de l'éthique de l'utilisation des ressources hospitalières pour les patients atteints de pneumonie liée au COVID et non vaccinés, et décrypte pour les personnels de santé les principe de priorisation, notamment par rapport aux patients atteints d'autres maladies graves mais qui ne progressent pas aussi vite. Un article à lire, dès publication.

 

L’auteur, le Dr William F. Parker, professeur de médecine pulmonaire et de soins intensifs au MacLean Center for Clinical Medical Ethics, Pritzker School of Medicine, University of Chicago, a examiné les situations dans lesquelles les hôpitaux ont retardé des procédures urgentes et médicalement nécessaires destinées à des patients vaccinés, en raison de patients non vaccinés présentant des complications de COVID-19, pouvant être mortelles.  

Un cadre éthique à préciser pour le triage médical

« Ces patients vaccinés sont directement touchés lorsque les hôpitaux doivent mobiliser toutes leurs ressources pour soigner les nombreux patients non vaccinés atteints de COVID-19. Un exemple de conséquence : retarder la chirurgie d’un cancer du sein de 4 semaines augmente de 8 % le risque relatif de décès ».

L’auteur plaide en faveur d'une norme de soins d'urgence qui donne

la priorité au maintien de la vie, quel que soit le statut vaccinal,

afin de sauver le plus de vies : « Ignorer tout simplement le statut vaccinal dans la hiérarchisation des ressources médicales, c’est ignorer les compromis réels en jeu lors d'une pandémie et la douleur et la souffrance de patients vaccinés pouvant résulter d’un report de soins médicaux ». En d’autres termes, l’auteur suggère que la crise pandémique a donné aveuglément parfois la priorité à la prise en charge de patients COVID sévère, et induit des situations de report de soins, chez des personnes vaccinées, non totalement justifiées.

 

Contrer la vulnérabilité des patients des communautés les plus démunies : alors que la grande majorité des patients qui développent une pneumonie au COVID pouvant être mortelle, ne sont pas vaccinés, les hôpitaux ont l'obligation éthique d'étendre leurs capacités et de concentrer leurs ressources sur les soins de ces patients et parfois, de faire attendre les patients vaccinés dans une situation clinique moins urgente.

 

L’urgence doit rester le critère majeur de priorisation et les hôpitaux doivent justifier leur statut de service public en acceptant les transferts et en accordant la priorité aux soins vitaux, quel qu’ils soient, pendant une vague de pandémie. L’auteur condamne les situations au cours desquelles les Autorités de santé publique ont dû contraindre certains établissements à renoncer à des procédures électives financièrement lucratives pour accepter les transferts de patients des hôpitaux communautaires qui n'avaient pas la capacité de gérer tous les patients COVID nécessitant des soins intensifs.

 

Le principe de réciprocité soutient la prise en compte du statut vaccinal lorsque 2 patients ont un bénéfice de survie équivalent associé à l’utilisation d’une ressource rare de soins de santé. Le principe est alors de « récompenser » une action positive (ici la vaccination) par une autre.

 

Le principe de proportionnalité selon lequel la « récupération » doit être proportionnelle à l'ampleur de l'acte doit également être pris en compte. L’auteur donne l’exemple du don de rein vivant placé en priorité sur «la liste d'attente » car les patients candidats à la greffe attendent l’organe en moyenne 4 ans.

 

« Enfin, l'hôpital peut rattraper son retard sur la très grande majorité des chirurgies électives différées », souligne l’auteur qui ajoute : « Les dommages causés par un pontage aorto-coronarien ou une chirurgie du cancer retardée de deux semaines sont réels, mais minimes par rapport à une mort certaine due au refus de réanimation pour insuffisance respiratoire ».

 

Ainsi, le statut vaccinal ne peut être un critère d’exclusion catégorique dans le triage médical, mais uniquement dans le contexte d'un algorithme de triage bien défini et totalement transparent et qui donne la priorité au maintien de la vie dans les conditions d'urgence.

 

L’objectif reste de sauver autant de vies que possible.