COVID et VISIOCONFÉRENCE : Comment échapper à la « Zoom fatigue » ?
Avec la pandémie, les mesures de distanciation et le télétravail, les réunions virtuelles ont explosé avec des centaines de millions de personnes qui utilisent chaque jour les différentes applications de visioconférence, parfois durant un grand nombre d’heures dans la journée. Les chercheurs de Stanford identifient 4 causes de la « zoom fatigue » liée à l’utilisation excessive de ces plateformes de chat vidéo, et proposent quelques solutions simples pour échapper à ces effets psychologiques de plus en plus courants.
L’auteur principal, le professeur de communication Jeremy Bailenson, directeur du Stanford Virtual Human Interaction Lab (VHIL), a examiné les conséquences psychologiques du temps passé sur ces plateformes. Dans cette étude évaluée par des pairs, l’expert décrypte la « zoom fatigue » d'un point de vue psychologique et identifie les principaux facteurs responsables mais évitables de cette nouvelle forme d'épuisement.
« Pouvoir utiliser la visio ne signifie pas devoir le faire ! »
L’objectif ici n'est pas de dénigrer ces outils en général qui ont permis le maintien d’un lien social et professionnel, ni une plate-forme de visioconférence en particulier, mais d’alerter sur l’épuisement associé à un usage excessif ou inadapté, et de suggérer des changements simples à mettre en œuvre. L’article apporte ainsi des suggestions aux utilisateurs pour mieux tirer parti des fonctionnalités actuelles des plateformes de visioconférence, tout en réduisant le risque de fatigue.
Souffrez-vous de « zoom fatigue » ? Les auteurs de Stanford proposent un questionnaire qui permet de se situer sur une échelle d'épuisement et de fatigue (ZEF : Zoom Exhaustion & Fatigue Scale).
4 causes majeures de « zoom fatigue » :
- Un contact visuel excessif et très intense : la durée et l’intensité du contact visuel avec lequel nous nous engageons sur les chats vidéo, ainsi que la taille des visages sur les écrans, ne sont pas des situations ou des comportements naturels. Au cours d’une réunion physique normale, les participants vont regarder l'intervenant, prendre des notes et de temps à autre, regarder ailleurs. Au cours d’une réunion en visio, tout le monde fixe tout le monde, tout le temps. Chaque participant est traité comme un intervenant, même s’il ne s’exprime pas.
La quantité de contact visuel est considérablement augmentée.
- L'anxiété sociale de la prise de parole en public est l'une des plus grandes phobies qui existent dans notre population. "En visio, tout le monde vous regarde, c'est une expérience stressante ».
- La taille du moniteur peut être une autre source de stress : les visages peuvent apparaître trop grands et trop intrusifs, empiétant sur l'espace personnel, normalement réservé aux proches et aux intimes : quand le visage de quelqu'un est si proche dans la vraie vie, notre cerveau l'interprète comme une situation intense qui va conduire à l'accouplement ou au conflit ! Utiliser ainsi la visio sur une longue durée peut nous plonger dans un état similaire, excité et fatiguant.
Réduire la taille de la fenêtre Zoom par rapport au moniteur pour minimiser la taille du visage permet de retrouver une distance normale entre les autres intervenants et soi-même.
- Se voir constamment pendant les chats vidéo en temps réel est fatigant. La plupart des plateformes de visio montrent une « image de soi-même » pendant toute la session. Cette image en temps réel de soi n'est pas naturelle : « cela reviendrait dans le monde réel, à être poursuivi constamment par un miroir ».
Voir un reflet de soi-même en continu entraîne une tendance plus critique envers soi-même. « C'est stressant et de nombreuses recherches ont montré toutes les conséquences émotionnelles négatives à se voir dans un miroir ».S’accorder une pause « audio uniquement » peut perrmettre de se détourner quelques instants de son propre reflet.
Les auteurs espèrent que ces réflexions, à l'origine sollicitées par des organisations universitaires et professionnelles, vont permettre au public d’adopter les bonnes pratiques de visioconférence et d’atténuer cette « fatigue du zoom ».
Il y a sûrement des progrès à envisager aussi du côté des concepteurs de ces applications qui vont devoir les repenser leurs systèmes, dans le cadre d’utilisations plus fréquentes et prolongées.
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