COVID, GRIPPE : Pourquoi il vaut mieux éviter le stress
Un stress aigu peut nuire à notre défense immunitaire contre les infections, comme le COVID-19 ou encore la grippe, conclut cette équipe de biologistes et de virologues de la Mount Sinai School of Medicine (New York). L’étude, financée par le National Heart, Lung and Blood Institute (NHLBI/NIH), publiée dans la revue Nature, illustre la manière dont le cerveau contrôle l'inflammation et décrypte son lien avec la diminution d'une réponse immunitaire en cas de stress aigu.
Certains circuits, dans le cerveau, « normalement » impliqués dans la motricité et la peur régulent la réponse des leucocytes, des globules blancs, en cas de stress aigu, explique l’un des auteurs principaux, le Dr Filip Swirski, directeur de l'Institut de recherche cardiovasculaire de Icahn School of Medicine -Mount Sinai.
L'étude est la première à décrypter comment des régions spécifiques du cerveau contrôlent la réponse immunitaire cellulaire du corps en cas de stress aigu et d’infection par le COVID-19 ou la grippe.
Le stress aigu préjudiciable à la réponse contre l'infection
Précisément, l’étude, menée chez la souris modèle de stress aigu -et d’infection- démontre qu’un stress aigu incite les neurones de l’hypothalamus paraventriculaire à déclencher instantanément une migration à grande échelle de globules blancs (leucocytes) des ganglions lymphatiques vers le sang et la moelle osseuse. Cette réaction diminue la réponse immunitaire aux virus tels que le COVID-19 et la grippe, ce qui rend le corps globalement moins résistant et performant dans sa lutte contre les infections. En d’autres termes, le stress aigu l'expose à un risque accru de complications et de décès.
L'évaluation de souris détendues ou stressées et l’analyse de leur système immunitaire révèle que :
- le stress aigu peut induire de grands changements dans le système immunitaire ;
- le stress induit en particulier une migration majeure de cellules immunitaires du corps d'un endroit à un autre ;
- ce sont les neurones de l'hypothalamus paraventriculaire qui incitent les cellules immunitaires à migrer des ganglions lymphatiques vers le sang et la moelle osseuse ;
- en cas d’infection, les souris détendues s'en sortent mieux que les souris stressées : elles combattent mieux l'infection et se débarrassaient plus facilement du virus. Les souris du groupe stressé étaient plus malades, avaient moins d'immunité et avaient un taux de mortalité plus élevé dû au virus. Les chercheurs ont également exploré comment d'autres régions du cerveau liées à la fonction motrice contrôlent différents types de cellules immunitaires voyageant de la moelle osseuse au sang.
Il s’agit d’une découverte fondamentale, car ce lien décrypté entre le cerveau et le système immunitaire permet de mieux comprendre comment le stress affecte la réponse de l'organisme à un virus et pourquoi certains sujets sont ainsi plus sensibles aux infections et à leurs complications.
Ainsi, plusieurs zones cérébrales régulent la distribution et la fonction des leucocytes dans tout le corps lors d'un stress aigu. La démonstration est ici apportée chez la souris. L'effet du stress sur les globules blancs et son impact négatif sur la lutte contre un virus sont donc démontrés. De plus, soulignent les auteurs, si les globules blancs pénètrent continuellement dans la circulation sanguine, cela pourrait également avoir des implications pour la santé cardiovasculaire.
Le rôle clé du cerveau en cas d'infection : pris ensemble, ces résultats montrent que le cerveau contrôle l'inflammation lors d'un stress aigu. « L'état » mental des patients -dont les habitudes de sommeil et les niveaux de stress- peut donc influer sur sa réponse à l’infection. Des conclusions à nouveau en faveur d’un mode de vie plus sain et moins stressant pour être mieux à même de combattre les infections et d’éviter leurs complications.
« À l'avenir, nous devrons mieux comprendre les effets à long terme du stress. Il sera particulièrement important d'explorer comment nous pouvons renforcer la résilience au stress et si la résilience peut diminuer les effets négatifs du stress sur notre système immunitaire ».
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