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COVID, GRIPPE : Une sensibilité génétique bien « européenne » à l'infection virale

Actualité publiée il y a 3 années 4 semaines 2 heures
Science
Ainsi, de nombreux gènes associés à ces différences dans la réponse immunitaire à la grippe sont également exprimés plus fortement en cas de sévérité de la maladie COVID-19 (Visuel Adobe Stock 235711378)

Cette recherche menée à l'Université de Chicago identifie des différences dans l'activation des voies immunitaires en réponse à l'infection grippale, entre les individus d'ascendance génétique européenne et les personnes d’origine africaine. Ces différences seraient également possibles aussi, écrivent les scientifiques, face à d’autres infections virales comme la maladie COVID-19 : en effet, de nombreux gènes associés à ces différences dans la réponse immunitaire à la grippe, sont également exprimés plus fortement en cas de forme sévère de COVID-19. Ces travaux, publiés dans la revue Science, précisent ainsi les facteurs qui peuvent contribuer aux différences, selon l'origine ethnoique, dans la réponse « interféron » aux infections.

 

En d’autres termes, les chercheurs se sont intéressés à la manière dont des individus de différents groupes de population réagissent aux mêmes maladies infectieuses. Il a été observé, en effet, que les Noirs américains non-hispaniques sont plus susceptibles d'être hospitalisés à cause de la grippe que toute autre communauté. « Nous avons identifié des différences dans la façon dont divers types de cellules répondent à une infection virale », précise l’un des auteurs principaux, Haley Randolph, étudiant diplômé à UChicago.

L'analyse génétique des cellules sanguines mononucléées périphériques: par séquençage d'ARN monocellulaire, les chercheurs ont examiné les modèles d'expression génique dans les cellules sanguines mononucléées périphériques, des cellules qui constituent un ensemble diversifié de cellules immunitaires spécialisées et qui jouent un rôle clé dans la réponse de l'organisme à l'infection. Les cellules analysées avaient été collectées auprès de participants d'ascendance européenne et africaine, puis exposées au virus de la grippe, in vitro, en laboratoire. L'équipe a ensuite examiné les signatures géniques de ces différents types de cellules immunitaires et comment l'infection par le virus de la grippe pouvait affecter leur expression génique. Cette analyse révèle que :

 

  • les participants d'ascendance européenne présentent une augmentation de l'activité de la voie de l'interféron de type I - des protéines essentielles pour lutter contre les infections virales- au début de l'infection grippale ;
  • cette activation accrue de la voie s’avère corrélée à une plus grande capacité à entraver sur le moment et à un moment ultérieur de l’infection, la réplication du virus ; cette forte réponse de la voie de l'interféron de type I dès le début de l'infection empêche le virus de se répliquer et peut donc avoir un impact direct sur la capacité du corps à contrôler le virus ;
  • plusieurs différences dans l'expression des gènes entre différents types de cellules, indiquant que la variation de la réponse immunitaire ne peut pas être résumée à partir d'un seul type de cellule immunitaire, mais plutôt à partir de tout un ensemble de cellules qui travaillent ensemble pour lutter contre l’infection ;
  • ces différences dans l'activation des voies immunitaires pourraient contribuer aux disparités de réponse à la grippe et à d’autres infections virales, entre les différents groupes ethniques ;

 

La génétique oui, mais l’environnement aussi ! En effet, précisent les scientifiques, ces résultats ne démontrent pas que seules des différences génétiques peuvent expliquer la susceptibilité aux maladies. D'autres facteurs environnementaux et de mode de vie qui peuvent différer entre les différentes populations, pourraient aussi influencer l'expression des gènes, ce qui peut à son tour affecter la réponse immunitaire. «L'ascendance génétique est également en corrélation avec les différences environnementales. Une grande partie de nos découvertes est probablement liée à d'autres disparités dans notre société, telles que les inégalités en matière de soins de santé.

Ainsi, de telles différences génétiques ne suffisent pas à expliquer pleinement les différences dans la réponse à l'interféron ».

Et face au COVID ? De précédentes études ont déjà démontré que dans la maladie COVID-19, par exemple, la réponse à l'interféron de type I a été associée à des différences dans la sévérité de la maladie. Ici, les scientifiques confirment que ces différences de sensibilité à l'infection virale peuvent s'étendre au-delà du virus de la grippe. Lorsqu’ils comparent une liste de gènes associés à des différences dans la sévérité de la maladie COVID-19, bon nombre de ces mêmes gènes montrent des différences d’expression significatives après une infection grippale, entre les participants d'ascendance africaine et d’ascendance européenne.

 

« Un chevauchement entre ces 2 ensembles de gènes qui suggère qu'il peut y avoir des différences biologiques sous-jacentes, influencées par l'ascendance génétique et les effets environnementaux, et qui contribuent à expliquer les disparités que nous observons entre des patients COVID-19 d’ascendances différentes ».

 

L'objectif serait de pouvoir cerner les facteurs contribuent aux différences dans la réponse à l'interféron, et plus largement dans les réponses immunitaires, afin de mieux prédire, par test sanguin par exemple, le risque individuel de sévérité et de complications face à l’infection.