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COVID : Il peut être long, il peut être à rebonds

Actualité publiée il y a 6 mois 5 jours 10 heures
Nature Medicine

La plupart des personnes ont oublié qu’elles l’ont eu, 3 ans après l’infection.

« Mais si elles l’ont oublié, le COVID ne les a pas oubliées »,

écrivent ces chercheurs de l’Université de Washington à Saint-Louis qui expliquent que 3 ans après l’infection, le virus peut encore faire des ravages et provoquer des complications dans l’intestin, les poumons ou le cerveau. En d’autres termes, c’est une nouvelle forme de la maladie COVID qui vient d’être décrite dans la revue Nature Medicine, une forme de COVID « à rebond » qui ressurgit des années après l’infection.

 

Les chercheurs précise qu’avec ce rebond viral, le risque de décès associé est fortement diminué, mais l’infection peut toujours causer de sévères problèmes de santé.

 

  • La mauvaise nouvelle : les patients atteints du COVID-19 qui ont été hospitalisés dans les 30 jours suivant l’infection encourent un risque de décès 29 % plus élevé au cours de la 3è année qui suit l’infection. Cependant, le risque de décès à 3 ans marque toujours une baisse significative par rapport à ce risque à 1 et 2 ans après l’infection. De plus, même des personnes atteintes d’une forme légère peuvent développer de nouveaux problèmes de santé 3 ans plus tard.
  • La bonne nouvelle : le risque de décès diminue considérablement un an après l’infection chez les personnes non hospitalisées. Or ce groupe de population constitue la plupart des cas de COVID.

L’étude -qui exploite maintenant un certain recul sur la pandémie-, analyse les effets du virus SARS-CoV-2 sur la santé 3 ans après l’infection par la souche originale du COVID en 2020. Cette année-là, environ 20 millions de personnes ont été testées positives aux États-Unis. L’équipe a donc évalué le risque de décès et de 80 problèmes de santé chez ces personnes précédemment infectées, 3 années plus tard.  

« Nous ignorons comment les effets du virus peuvent resurgir si longtemps après »,

note d’auteur principal, le Dr Ziyad Al-Aly, épidémiologiste clinique à l'Université de Washington : « cela est peut-être dû à

une persistance virale, à une inflammation chronique, à un dysfonctionnement immunitaire

ou à une combinaison de ces différents facteurs possibles ».

 

Le chercheur qui a déjà documenté des dommages causés par le COVID-19 à presque tous les organes humains, les poumons, le cœur, le cerveau et les systèmes sanguin, musculosquelettique et gastro-intestinal, rappelle que le COVID long touche 10 à 15 % des personnes qui développent la maladie. Ici, l’analyse de millions de dossiers médicaux anonymisés a permis de sélectionner 114.000 participants ayant développé une forme légère de COVID-19 n’ayant alors pas entraîné d'hospitalisation, plus de 20.000 patients hospitalisés pour le COVID et 5,2 millions de participants témoins sans diagnostic de COVID. Ces participants ont été suivis durant au moins 3 ans. L’analyse révèle que :

 

  • au cours de la 3è année après l’infection, les participants qui avaient été hospitalisés pour un COVID présentent toujours un risque de problème de santé accru de 34 % dans tous les systèmes organiques vs témoins ;
  • ces mêmes participants encourent un risque de problème de santé accru de 182 % 1 an après l’infection au COVID et à un risque accru de 57 % 2 ans après ;
  • les participants ayant développé le COVID mais non hospitalisés présentent risque accru de 5 % de symptômes sévères au cours de la 3è année suivant l’infection ;
  • chez ces participants, 41 problèmes de santé supplémentaires/1.000 personnes sont recensés, « ce qui représente un fardeau non négligeable », commentent les auteurs ;
  • ces effets sur la santé recensés au cours de la 3è année touchent principalement les systèmes gastro-intestinal, pulmonaire et neurologique ;
  • en moyenne parmi les personnes non hospitalisées, 3 ans après l’infection, le COVID a entraîné  la perte de 10 années de vie en bonne santé pour 1.000 personnes ;
  • en moyenne parmi les personnes hospitalisées, 3 ans après l’infection, le COVID a entraîné  la perte de 90 années de vie en bonne santé pour 1.000 personnes ; à comparer à 50 années de vie perdues pour 1.000 personnes en raison des maladies cardiovasculaires ou des cancers…

 

Le COVID, une maladie latente ou chronique ? Les scientifiques et les médecins ont toujours eu tendance à considérer les infections comme des maladies de courte durée dont les effets sur la santé se manifestent au moment de l’infection. Ces nouvelles données remettent en question cette notion. Le COVID est l’illustration du fait que

même une brève exposition au virus, anodine ou bénigne, peut entraîner des problèmes de santé sévères, des années plus tard.

Avec le recul qui s’accroît par rapport au pic de la pandémie, il devient possible et est essentiel de combler le manque de connaissances sur le COVID, sur ses formes longues ou « à rebonds ».

 

« Le fait qu'une légère infection par le SRAS-CoV-2 puisse entraîner de nouveaux problèmes de santé 3 années plus tard est une découverte qui donne à réfléchir et qui confirme le COVID comme une menace sérieuse pour la santé et le bien-être à long terme ».