COVID : Les secrets de la tempête de cytokines
Cette recherche de virologues de la Keck School of Medicine de l'University of South California (USC) livre de nouveaux secrets sur l’inflammation potentiellement mortelle ou « tempête de cytokines » associée aux formes aiguës sévères du COVID-19. Ces mécanismes documentés dans la revue Nature Cell Biology coïncident avec 2 étapes dans l'infection par le SRAS-CoV-2, dont une voie empruntée par le virus pour envahir les cellules immunitaires, associée à cette inflammation sévère.
Ces travaux éclairent les raisons pour lesquelles le SRAS-CoV-2, à l'origine de la pandémie COVID, peut provoquer des symptômes légers au début, mais ensuite, pour un sous-ensemble de patients, devenir mortel une semaine environ après l'infection. Ces 2 stades distincts de la maladie correspondent au fait que le coronavirus agit différemment dans 2 populations de cellules différentes.
Une nouvelle feuille de route pour lutter contre la tempête de cytokines
L'étude révèle que :
- lorsque le SRAS-CoV-2 infecte ses cibles de première phase, soit les cellules de la muqueuse pulmonaire, 2 protéines virales pénètrent et circulent à l'intérieur de ces cellules : l'une active le système immunitaire et l'autre, paradoxalement, le bloque. Ce qui peut expliquer le peu ou l’absence d’inflammation ;
- une deuxième voie empruntée parfois par le virus pour pénétrer dans les cellules immunitaires freine à la fois la capacité du virus à se reproduire mais empêche la production de la deuxième protéine de freinage du signal immunitaire. La première protéine est alors capable de déclencher une inflammation généralisée ou tempête de cytokines, responsable de symptômes graves voire mortels.
« Ces 2 étapes se déroulent via des voies de signalisation différentes »,
explique l’un des auteurs principaux, le Dr Rongfu Wang, PhD, professeur de pédiatrie et de médecine à la Keck School of Medicine. « Avec le cheminement normal ou au cours de la première phase, tout se passe normalement et le virus se réplique. Mais la 2ème phase produit de nombreuses molécules de signalisation inflammatoires appelées cytokines ».
Quelles implications ? Différentes expériences de laboratoire ont permis d’identifier un médicament capable d’apaiser l’inflammation des cellules immunitaires humaines infectées par le SRAS-CoV-2 et de réduire ces symptômes chez la souris modèle d’inflammation, ce qui suggère qu’il pourrait être possible de prévenir les tempêtes mortelles de cytokines, chez l’Homme.
Ces travaux qui décryptent les voies biologiques en cause dans ces 2 processus élargissent notre compréhension de l’infection au COVID-19, mais livrent également de nouveaux indices sur la manière de gérer le stade ultérieur et grave de la maladie. Avant identification et validation d’un médicament capable de calmer ces réponses inflammatoires extrêmes liées au COVID, « il reste préférable de traiter le COVID-19 à un stade précoce en essayant de contrecarrer la réplication virale ».
« L'inflammation est une complication majeure de nombreuses maladies. Pouvoir contrôler l’inflammation, c’est pouvoir contrôler de nombreuses maladies. La difficulté subsiste dans la faculté de pouvoir, selon la situation, soit activer, soit calmer le système immunitaire ».