COVID long : Des effets du SRAS-CoV-2 sur le nerf vague
Cette étude pilote menée par une équipe de neurologues de l'hôpital universitaire de Badalona, (Espagne) suggère que de nombreux symptômes du COVID long pourraient être liés aux effets du SRAS-CoV-2 sur le nerf vague, l'un des nerfs multifonctionnels les plus importants du corps. La recherche, présentée à l’European Congress of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ECCMID 2022, Lisbonne) apporte ainsi l’une des premières explications de la prévalence des symptômes neurologiques, mais aussi du large spectre de symptômes, multisystémiques, dans ces formes longues de la maladie COVID.
Car le nerf vague s'étend du cerveau jusqu'au torse et au cœur, aux poumons et aux intestins, ainsi qu'à plusieurs muscles, y compris ceux impliqués dans la déglutition. En tant que tel, ce nerf est responsable d'une grande variété de fonctions corporelles, notamment le contrôle de la fréquence cardiaque, la parole, le réflexe nauséeux, le transfert des aliments de la bouche à l'estomac, le déplacement des aliments dans les intestins, la transpiration et bien d'autres fonctions encore.
Aujourd’hui, les études épidémiologiques estiment que le COVID long affecte environ 10 à 15 % des patients survivant à une forme modérée à sévère de COVID-19. Les chercheurs espagnols documentent ici l’hypothèse selon laquelle le dysfonctionnement du nerf vague médié par le SARS-CoV-2 explique une bonne partie des symptômes des COVID longs, notamment la dysphonie (problèmes de voix persistants), la dysphagie (difficulté à avaler), les étourdissements, la tachycardie (fréquence cardiaque anormalement élevée), l’hypotension orthostatique (pression artérielle basse) et la diarrhée.
L'étude : il s’agit de l’analyse des données d’évaluation morphologique et fonctionnelle du nerf vague, à l'aide d'imagerie et de tests fonctionnels chez une cohorte de 348 personnes souffrant de COVID long dont 66 % présentaient au moins un symptôme évocateur de cette forme de la maladie. L'évaluation complète a été réalisée chez les 22 premiers patients (soit 10 % du total) des patients de la cohorte, âgés en moyenne de 44 ans et à 91% des femmes.
L'étude est en toujours cours et continue de recruter des patients. Cette analyse préliminaire constate que :
- les symptômes les plus fréquents comprennent la diarrhée (73 %), la tachycardie (59 %), les étourdissements, la dysphagie et la dysphonie (45 % chacun) et l'hypotension orthostatique (14 %).
- 19 participants (soit 86%) présentent au moins 3 symptômes du COVID long :
- la durée antérieure médiane de leurs symptômes est de 14 mois ;
-
6 des 22 patients (27 %) présentent une altération du nerf vague dans le cou,
révélée par l'échographie, y compris à la fois un épaississement du nerf et une «échogénicité» accrue qui indique de légers changements réactifs inflammatoires ;
- l’échographie thoracique montre des « courbes diaphragmatiques » aplaties chez 10 participants sur 22 (soit 46 %) : cela traduit une diminution de la mobilité diaphragmatique lors de la respiration, ou une respiration anormale ;
- 10 des 16 participants, soit 63% présentent une faiblesse des muscles respiratoires ;
- les fonctions alimentaire et digestive sont affectées chez certains patients :
- 72 % présentent une dysphagie oropharyngée auto-évaluée (difficulté à avaler) ;
- 42 % ont une capacité altérée à délivrer de la nourriture à l'estomac via l'œsophage, 25 % signalant des difficultés à avaler ;
- 47 % ont un reflux gastro-oesophagien (RGO, reflux acide) ;
- 47 % présentent un problème de fonction vocale (telle qu’évaluée par le test Voice Handicap Index 30) et 88 % (de ces 47 %) souffrent de dysphonie.
Ainsi, cette évaluation pilote révèle une prévalence non négligeable (27 %) d’altération du nerf vague chez ces participants ayant un COVID long, et chez ces mêmes participants, est observée toute une gamme d'altérations significatives, cliniquement pertinentes, structurelles et / ou fonctionnelles de leur nerf vague, dont un épaississement nerveux, des difficultés à avaler et des symptômes de respiration altérée. Selon ces chercheurs,
le dysfonctionnement du nerf vague est une caractéristique physiopathologique centrale du COVID long.
Ces résultats qui apportent à la compréhension de cette forme longue et fréquente de la maladie devront être affinés par les prochaines analyses des données de l’ensemble de la cohorte.
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