COVID LONG : Et si l’infection ne s’arrêtait pas ?
Les infections persistantes à SARS-CoV-2 sont-elles la cause de séquelles et de formes longues de la maladie COVID chez les hôtes infectés ? En d’autres termes, les personnes bénéficiant d’une immunité « robuste » parviendraient rapidement à une « guérison complète », alors que les patients ayant une immunité compromise donc à risque d'infection persistante développeraient des formes plus sévères mais aussi plus longues de la maladie. C’est en fait, la démonstration de cette modélisation menée à l’Université de technologie de Toyohashi (TUT, Japon) qui révèle que chez les patients immunodéprimés, la charge virale a tendance à conserver une valeur finie plutôt que diminuer jusqu'à zéro.
Le coronavirus SARS-CoV-2 poursuit son évolution avec l’émergence de nouvelles variantes, dotées de nouvelles mutations, qui causent des vagues successives d'infection. Avec cette persistance de la pandémie, le nombre de patients souffrant de ce que l'on a appelé le COVID long a considérablement augmenté et est désormais considéré comme un problème de santé majeur. Ainsi, les derniers rapports indiquent que 72,5 % des patients se plaignent de symptômes résiduels 2 mois après avoir reçu un diagnostic de COVID-19, ou 1 mois après leur sortie de l'hôpital, et 54 % souffrent toujours de certains symptômes 6 mois après le diagnostic ou la sortie de l'hôpital.
Les symptômes comprennent la toux, la fatigue, une diminution du goût et de l'odorat, un dysfonctionnement cognitif (brouillard cérébral), etc., certains patients se plaignant de symptômes multiples.
Cependant, le mécanisme sous-jacent à ces formes longues n'a pas encore été clarifié et plusieurs hypothèses ont été proposées, dont l’hypothèse d’une « infection persistante » qui suggère que le virus reste dans le corps pendant une période prolongée après l'infection.
Afin de clarifier ces mécanismes, l’équipe de recherche, menée par le professeur associé Tomonari Sumi de l'Université d'Okayama et du professeur associé Kouji Harada de la TUT, a développé un modèle mathématique de la réponse du système immunitaire à l'infection systémique par le virus SARS-CoV-2. Cette modélisation révèle que les infections virales persistantes chez certains hôtes sont en cause dans le COVID long ou les séquelles aiguës de la maladie.
La nature systémique de l'infection est un facteur de COVID-long
C’est la deuxième conclusion de l’étude, la nature systémique de l’infection déterminant en quelque sorte sa persistance chez les hôtes infectés.
L'étude : le modèle mathématique développé puis testé à partir des données cliniques de patients diagnostiqués avec COVID décrit le processus de l’infection persistante à SARS-CoV-2 comme une équation différentielle non linéaire. Le modèle conclut que :
- lorsque le virus n'est pas complètement éliminé de l'organisme et provoque une infection persistante, cette infection persistante est associée aux formes longues et aux séquelles post-COVID ;
- mathématiquement, une guérison complète - où la charge virale est réduite à zéro - est représentée par un point d'équilibre instable, ce qui suggère aussi que
cette guérison complète est difficile à obtenir ;
- les facteurs connus associés au vieillissement dont la diminution de l'activité des cellules présentatrices d'antigènes et l'inhibition de la signalisation de l'interféron par les autoanticorps anti-interféron de type I (IFN-I) favorisent considérablement la production virale dans le corps, favorisant l’infection sévère ;
- en revanche, une activité suffisamment robuste des cellules présentatrices d'antigène et/ou la production d'anticorps par les plasmocytes permettent une guérison complète, en débarrassant efficacement l'hôte infecté du virus :
- une immunité renforcée est cruciale pour éviter l’infection persistante.
- une carence en cellules dendritiques (qui activent les lymphocytes T) est notée dans le syndrome inflammatoire multisystémique, qui ressemble beaucoup à la maladie de Kawasaki, et qui touche très occasionnellement les enfants infectés par ce nouveau coronavirus : dans ces cas spécifiques, le nombre de cellules dendritiques reste considérablement réduit et même au-delà de 7 mois après l'infection. Là encore, la cause principale est perçue comme étant l'infection persistante par le virus résiduel chez l'hôte infecté.
Avec à ce jour, plus de 540 millions de personnes ayant été infectées par le COVID, il est clair que la prévalence du COVID long ne va faire qu’augmenter. Développer des thérapies efficaces pour ces séquelles est une urgence.
Comprendre que ces séquelles sont liées à une infection persistante éclaire les stratégies à mettre en œuvre pour ces formes au long cours.