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COVID LONG : La conséquence d’un péché originel antigénique ?

Actualité publiée il y a 1 année 2 mois 2 semaines
Science Translational Medicine
L’évaluation de patients atteints de maladies rhumatismales suggère ici un « nouveau » facteur et marqueur possible de COVID long (Visuel Adobe Stock 27647398)

L’évaluation de patients atteints de maladies rhumatismales suggère ici un « nouveau » facteur et marqueur possible de COVID long : cette équipe du Mass General Brigham (BWH, Boston) vient de découvrir des preuves, selon lesquelles une infection antérieure par un coronavirus prépandémique à l'origine du rhume pourrait « préparer le terrain » au développement d'un COVID long. Explications dans la revue Science Translational Medicine autour du concept de « péché originel antigénique ».

 

Pourquoi centrer cette étude sur des patients atteints de rhumatismes ? Jusqu'à 45 % des personnes atteintes de maladies rhumatismales dont la polyarthrite rhumatoïde et d'autres maladies auto-immunes chroniques provoquant une inflammation, ont présenté, en cas de COVID, des symptômes persistants caractéristiques d’une forme longue, et cela en moyenne 28 jours après l’infection initiale. Dans l’ensemble, ces patients atteints de maladies rhumatismales ont également développé plus de complications.

 

Depuis le début de la pandémie, l’équipe a donc accordé une attention particulière à ce groupe de patients : « dès le début de la pandémie, nous nous sommes coordonnés pour identifier chaque patient atteint de maladie rhumatismale et atteint de COVID afin de suivre l’évolution clinique et collecter des données de ces patients », précise l’un des auteurs principaux, le Dr Jeffrey Sparks, du service de rhumatologie du BWH. « Au début, nous pensions faire ce suivi pendant seulement 1 ou 2 mois mais ce suivi se poursuit toujours aujourd’hui et nous apporte de précieuses informations ».  

Dont cette découverte d’un marqueur possible de ces formes longues,

qui va permettre d’optimiser les essais cliniques au-delà de mieux comprendre pourquoi certains patients, ceux qui sont porteurs de ce marqueur, développent un COVID long.

 

L’étude : l’équipe de rhumatologues du BWH avec des collègues et du Massachusetts General Hospital (MGH) et des experts en immunologie et en virologie du Brigham et du Ragon Institute, du MIT et de Harvard a recherché des indices sur le COVID long, dans des échantillons de sang provenant de patients atteints d’une maladie rhumatismale auto-immune systémique qui se sont rétablis du COVID-19. Les chercheurs ont mesuré les réponses anticorps contre les antigènes clés du SRAS-CoV-2, en comparant les patients qui ont développé un long COVID à ceux qui ne l'ont pas fait. Ils ont recherché des différences dans les empreintes immunologiques laissées par des infections antérieures. Cette analyse révèle que :

 

  • parmi ces patients, ceux qui ont développé un COVID long sont plus susceptibles d’avoir des anticorps pro-inflammatoires étendus spécifiques à un coronavirus responsable du rhume ;
  • précisément, un signal inattendu lié à l’OC43, un coronavirus qui provoque des symptômes semblables à ceux d’un rhume. Les personnes atteintes d’un long COVID étaient ainsi plus susceptibles d’avoir des réponses anticorps spécifiques à cette forme de coronavirus ;
  • les antécédents d’expositions virales d’une personne, en particulier le développement d’une infection antérieure et l’expansion d’anticorps contre un coronavirus pré-pandémique semblent donc préparer le système immunitaire au développement du COVID long.

 

L’un des auteurs principaux, le Dr Zachary Wallace, du Service de rhumatologie, d'immunologie et d'allergie du MGH conclut « qu’identifier un tel biomarqueur permet de mieux comprendre la réponse immunitaire exacerbée des formes sévères et longues du COVID".

 

Quelle explication ? Les auteurs font l’hypothèse qu’en ce qui concerne les virus, la première exposition peut façonner l'immunité à vie. Ainsi, dans le contexte de la grippe, une exposition antérieure à une souche virale peut influencer la réponse immunitaire d’une personne aux souches ultérieures.

Ce concept que les chercheurs appellent « péché antigénique originel »,

peut également jouer un rôle dans le cas des coronavirus et influencer le risque de COVID long, en particulier chez les personnes atteintes de maladies rhumatismales. En d’autres termes, ici le système immunitaire a tendance à utiliser préférentiellement la mémoire immunologique basée sur une infection antérieure, à « se priver » des « bons » anticorps et à activer cette réponse immunitaire inefficace ici de manière exacerbée chez les patients atteints de maladie auto-immune.

 

Des recherches supplémentaires restent nécessaires pour déterminer si les mêmes résultats seraient obtenus chez des patients sans maladie auto-immune préexistante mais ayant été exposés à l’OC43.

 

L’étude apporte néanmoins un premier biomarqueur de risque élevé de COVID long, ainsi qu’un indice pour recruter les bons participants aux futurs essais cliniques portant sur le traitement du COVID long.


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