COVID LONG : L’hypermobilité articulaire facteur prédictif ou facteur de risque ?
Quelle peut bien être la relation entre « articulations » et « infection » ? Cette recherche révèle cependant que les personnes qui présentent une hypermobilité articulaire, pathologique ou non, encourent un risque accru de COVID long : ces personnes hyperlaxes sont 30 % plus susceptibles de ne pas se remettre complètement d’une infection au COVID-19. L’étude observationnelle, à paraître dans le British Medical Journal (BMJ) Public Health, révèle une grande difficulté chez ces personnes à parvenir à une totale récupération, sans apporter d’explication ou de réponse sur le caractère causal de l’hypermobilité articulaire.
L’hypermobilité articulaire est caractérisée par une amplitude de mouvement inhabituellement large. On estime que cette caractéristique concerne environ 15 % de la population, plus fréquemment les femmes mais que sa prévalence diminue avec l'âge. Certaines personnes hyperlaxes présentent une pathologie qui peut expliquer cette hypermobilité articulaire, mais pas toutes.
Outre l’âge avancé, le risque de COVID long a déjà été associé à certains problèmes de santé sous-jacents, notamment la fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable, la migraine, les allergies, l’anxiété, la dépression et les maux de dos, expliquent les chercheurs. Et ces facteurs de risque sont tous associés indépendamment et dans diverses mesures à l'hypermobilité articulaire.
1 patient sur 3 ne parvenant pas à récupérer présente une hypermobilité articulaire
L’étude a regardé si cette hypermobilité articulaire pouvait être un facteur de risque indépendant de COVID long via l’analyse des données de 3.064 participants de la Biobank britannique, ayant développé le COVID au moins une fois. L’hypermobilité articulaire a été prise en compte lors d’une des évaluations, en 2022, ainsi que le degré de récupération de la dernière infection COVID-19 et les éventuels symptômes de COVID long. L’analyse révèle que :
- 81,5 % des participants ont eu le COVID-19 au moins une fois ;
- parmi ces participants, les données autodéclarées de récupération étaient disponibles pour 2.854 participants, âgés en moyenne de 57 ans et à 82 % des femmes ;
- environ 1 de ces participants sur 3 soit 32 % déclare n’avoir pas totalement récupéré de sa dernière infection COVID-19, et parmi ces derniers, un peu moins de 30 % présentent une hypermobilité articulaire généralisée ;
- parmi les 1.940 participants complètement rétablis, près d’1 sur 4 soit un peu moins de 23 % souffre d’articulations hypermobiles ;
- après prise en compte des facteurs de confusion possibles, dont l’âge, le sexe, l’origine ethnique, les difficultés financières, le niveau d’études et le nombre de vaccinations reçues.
Ainsi, l’hypermobilité articulaire reste fortement associée à l’incapacité de se rétablir complètement du COVID. Les personnes hyperlaxes présentent un risque accru de 30 % de non-récupération de l’infection, soit « en pratique » de COVID long. Et l’hypermobilité articulaire prédit de manière significative des niveaux élevés de fatigue, et d’autres symptômes aujourd’hui considérés comme en cause dans l’absence de récupération.
L’étude d’observation, conclut à une association mais non à une relation et n’apporte aucune information sur le sens d’une éventuelle corrélation. En d’autres termes, l’analyse ne tranche pas la question de savoir si l’hypermobilité articulaire est un facteur causal du COVID long. Les chercheurs rappellent que le COVID est loin d’être une entité unique, avec un tableau clinique spécifique, mais se développe via une combinaison de processus croisés immunologiques, inflammatoires, du système nerveux autonome, respiratoires et cardiovasculaires, processus qui conduisent à des ensembles de symptômes distincts affectant le corps et le cerveau.
Il y a donc probablement plusieurs causes et nécessairement plusieurs stratégies thérapeutiques pour gérer le COVID long.
« Cependant, ces résultats suggèrent de poursuivre les recherches sur le « rôle » de l'hypermobilité articulaire dans ces formes prolongées. Ce trait pourrait être lié à un phénotype de patients « qui ne se rétablissent pas entièrement », ou plus difficilement.