COVID LONG : L’inactivité, cause ou conséquence ?
La fatigue, l'essoufflement et d'autres symptômes qui peuvent persister des mois après la résolution de l'infection COVID peuvent être des symptômes durables de l’infection qui contribuent à expliquer l’inactivité. "Dans l'autre sens", cette sédentarité ou -« sédentarisme »- peut aussi constituer une cause majeure de ces mêmes symptômes, déclenchés par l’infection COVID. Cette équipe de la São Paulo Research Foundation (FAPESP) fait ici, dans les Scientif Reports, la lumière sur les liens très marqués et complexes, entre les symptômes du COVID long et l'inactivité physique.
Les chercheurs de l'Université de São Paulo (USP) révèlent, avec cette étude, que les survivants du COVID-19 présentant au moins un symptôme persistant de la maladie, donc pouvant être considérés comme avec COVID long, sont 57 % plus susceptibles d'être sédentaires. Par ailleurs, la présence d'au moins 5 séquelles de l’infection par le SRAS-CoV-2 augmente la probabilité d'inactivité physique de 138 %.
« Encourager l'activité physique
est particulièrement d’actualité, notamment pendant la pandémie », souligne, l’auteur principal, Hamilton Roschel, coordinateur de l'USP's Applied Physiology.
L'étude soutenue par la FAPESP est l'une des premières à évaluer les effets de l'activité physique et à préciser son rôle dans le cadre d'un COVID long, généralement caractérisé comme un syndrome impliquant des symptômes qui persistent pendant au moins 2 mois après la résolution de l'infection et qui ne peuvent pas s'expliquer par d'autres problèmes de santé.
Plusieurs études ont estimé qu’entre 1 patient sur 2 et 3 patients sur 4 ayant le COVID-19 vont développer une forme longue de la maladie.
Ici, les chercheurs analysent les données de 614 patients survivants d’un COVID-19 confirmé en laboratoire, âgés en moyenne de 56 ans, hospitalisés entre mars et août 2020, et suivis jusqu’à 11 mois après la sortie, notamment pour leur niveau d'activité physique et d'autres facteurs de mode de vie. Les symptômes associés à un COVID, tels que la fatigue, l’essoufflement, les douleurs musculaires sévères, la perte de goût et d'odorat et les troubles de la mémoire, ont également été recherchés. Les participants ont été classés comme physiquement inactifs s'ils pratiquaient moins de 150 minutes d'exercice au moins modérément intense par semaine, ce qui correspond aux directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plus de symptômes, plus de sédentarité ; plus de sédentarité, plus de symptômes
L’analyse révèle que :
- 60 % des participants étaient considérés comme physiquement inactifs, soit un taux d’inactivité plus élevé que celui évalué en population générale avant le début de la pandémie ;
- la prévalence des comorbidités s’avère élevée : 37 % étaient fumeurs, 58 % souffraient d'hypertension artérielle (HTA), 35 % souffraient de diabète et 17 % d’obésité ; ces 3 dernières comorbidités étant facteurs de COVID sévère ;
- 55% des participants ont été pris en charge en soins intensifs (USI) et 37% ont été intubés ;
- après ajustement des facteurs de confusion possibles, la présence d'au moins un symptôme persistant est associée à une probabilité de sédentarité accrue de 57 % ;
- plus il y a de symptômes, plus la probabilité d'inactivité physique est élevée ;
- ainsi, la présence d'au moins 5 symptômes persistants est associée à une probabilité de sédentarité accrue de 138 % ;
- certaines des séquelles observées, associées au COVID long, s‘avèrent très étroitement liées à l'inactivité physique : les corrélations les plus élevées sont observées avec l'essoufflement (132 %) et la fatigue (101 %).
Si les patients atteints de COVID long éprouvent plus de difficultés à maintenir les niveaux d’activité recommandés, les personnes ayant un mode de vie plus sédentaire sont plus susceptibles de continuer à éprouver ces symptômes après avoir récupéré de l’infection aiguë.
Quelle analyse ? L'inactivité physique elle-même peut être considérée comme un symptôme persistant chez les survivants du COVID-19 mais ce que les chercheurs appellent ici le « sédentarisme » peut aussi augmenter le risque de COVID long. Les chercheurs fournissent des preuves à l’appui de ces 2 hypothèses.
- Une autre étude de la même équipe montre d’ailleurs que les patients qui perdent plus de masse musculaire pendant l'hospitalisation pour COVID-19 sont aussi les plus susceptibles de développer des symptômes persistants de la maladie. Une étude menée aux États-Unis en 2020 constate également que le risque d'hospitalisation, d'admission aux soins intensifs et de décès est plus élevé chez les patients les plus inactifs.
- La nouvelle étude permet de mieux comprendre les corrélations spécifiques entre l'inactivité physique et les symptômes persistants du COVID long et suggère une relation à double sens, où on l’aura compris, le sédentarisme favorise le COVID long qui entraîne un abandon de la pratique de l’exercice.
La recommandation de ces médecins est simple :
« Pratiquer l’exercice éloigne le risque de COVID long et permet de récupérer plus vite en cas d’infection ».