COVID : Un nouvel accélérateur de sédentarité ?
Ne pas sortir est la « nouvelle norme » post-COVID, affirment ces experts épidémiologistes et urbanistes de la Clemson University (US) qui décrivent l’accélération d’une tendance à rester chez soi, amorcée il y a plus de 16 ans : cependant, l’analyse, publiée dans le Journal of the American Planning Association, révèle que, depuis la pandémie COVID, les gens passent près d'une heure de moins par jour à pratiquer des activités en dehors de la maison, un comportement qui illustre une accélération ces dernières années, et qui consiste donc
« à rentrer le plus vite possible à la maison ».
L’étude analyse les déclarations de 34.000 répondants participant à l’American Time Use Survey (ATUS), une étude annuelle sur la façon dont les Américains passent leur temps. Les chercheurs ont regroupé l’utilisation du temps en 16 activités à la maison telles que le sommeil, l’exercice, le travail et l’utilisation des technologies de l’information, ainsi que 12 activités hors du domicile, notamment les événements artistiques et sportifs, les achats, le travail et les pratiques religieuses. Ils ont également analysé les déplacements en voiture, à pied et en transports en commun. L’analyse révèle que :
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depuis le COVID (2019) on passe 51 minutes de moins par jour aux activités en extérieur ;
- et près de 12 minutes de moins à nos déplacements quotidiens ;
- précisément, le temps consacré à 8 des 12 activités hors du domicile a diminué de 2019 à 2021, tandis que 11 des 16 activités à domicile ont augmenté ;
- le temps moyen consacré aux activités hors du domicile est passé de 334 minutes par jour en 2019 à 271 en 2021, soit environ de 5,5 heures par jour à 4,5 heures à l’extérieur ;
- le travail à domicile explique en partie cette tendance, mais pas seulement ;
- la tendance similaire observée pour les déplacements ne peut pas être attribuée uniquement à la réduction des déplacements quotidiens pendant la pandémie ;
- le temps passé hors du domicile n'a que modestement repris après la pandémie, rebondissant de seulement 11 minutes entre 2021 et 2023, passant de 270 minutes à 281 minutes ;
- la tendance à rester à la maison se maintient depuis la pandémie, puisque le temps passé hors du domicile en 2023 est resté pratiquement inchangé vs 2022.
C’est donc une tendance à passer de moins en moins de temps hors de la maison qui se confirme, et ce mouvement semble avoir été très amplifié par la pandémie.
Cependant, ce « repli sur soi » s’était amorcé au moins 16 ans avant la pandémie.
Cette tendance à « aller nulle part rapidement » ou à rentrer vite chez soi risque d’affecter les personnes, leur santé et la société à de nombreux égards, dont la psychologie, la sociologie, l’économie mais aussi la santé publique -avec les effets de cette sédentarité plus élevée. Sortir moins souvent de chez soi va aussi nécessiter de repenser l’ergonomie, l’urbanisme et le transport.
La tendance à faire ses courses en ligne – qui avait connu une forte hausse au cours de la pandémie- se poursuit et contribue à ce temps plus important passé à la maison. Les experts suggèrent que des lieux de rencontre resteront nécessaires et qu’il faudra continuer à développer « des opportunités de loisirs, de divertissement, de culture, d’art, etc. Les centres-villes pourraient devenir des centres de consommation plutôt que de production ».
De même, en matière de transport, les investissements devraient être prioritairement affectés à l’amélioration de la sécurité des piétons et des cyclistes et à la satisfaction des besoins de mobilité de base des voyageurs plus défavorisés ».
En d’autres termes, ces nouveaux modes de vie, plus sédentaires, vont impliquer de nombreux changements et bouleversements, dont des « inconvénients » sanitaires, comme l’isolement social, ou sur un plan physique, une prévalence accrue des troubles métaboliques associés à la sédentarité.